Catastrophe de Brétigny : la SNCF a versé de l’argent en "première urgence" à des victimes

C’est Le Parisien qui l’a révélé dans son édition de mercredi : la SNCF a versé des sommes, de 10.000 à 50.000 euros, à plusieurs victimes de l’accident ferroviaire de Brétigny-sur-Orge ( Essonne ), qui a fait sept morts et des dizaines de blessés le 12 juillet lors du déraillement d’un train. Une information confirmée par la suite par la SNCF : "Des chèques ou des virements ont été faits à 35 victimes ou familles de victimes, au titre de l’aide de première urgence, pour les personnes les plus durement touchées", a indiqué à l’AFP un porte-parole de la SNCF.

Le Parisien-Aujourd’hui en France faisait état mercredi d’une "démarche inédite qui soulève bien des questions". Il s’agit au contraire, selon la compagnie ferroviaire, d’une pratique "assez courante dans les cas d’accidents collectifs, c’est ce que font les compagnies aériennes. A la SNCF, nous n’avions pas de précédent", le dernier accident mortel datant de 1991. Une "aide de première urgence" a été versée quelques semaines après l’accident du 12 juillet, à 35 victimes ou familles de victimes les plus touchées : 10.000 euros pour les personnes hospitalisées une nuit, 50.000 euros pour les personnes hospitalisées plusieurs jours ou les familles des personnes décédées.

Première aide

La SNCF assure qu’il s’agit de "couvrir les frais d’hospitalisation, frais de transport ou d’hébergement (de proches venus à leur chevet), ou frais d’obsèques", et que cette première aide financière est distincte de l’indemnisation pour préjudice matériel ou corporel, puis des dommages et intérêts éventuels si un procès a lieu. "Le fait d’avoir touché cette aide de première urgence ou l’indemnisation à venir n’empêche pas les personnes de se constituer partie civile ou de porter plainte", a rappelé la SNCF. Ce procédé figure même dans la convention nationale d’indemnisation qui a été soumise samedi aux victimes de l’accident lors d’une réunion à Paris. Selon le document cité par le quotidien, il est écrit en page six : "La proposition d’indemnisation définitive devra tenir compte des sommes versées à la victime au titre de l’accident à l’exclusion des sommes déjà versées par la SNCF au titre des aides de première urgence qui n’ont pas donné lieu à établissement de quittance subrogative".

"Ce n’est pas désintéressé, la SNCF veut limiter le nombre des parties civiles", a dénoncé auprès de l’AFP, Willy Colin, porte-parole de l’AVUC, association des voyageurs usagers des chemins de fer. "Bien sûr, il y a eu des interrogations des familles" mais "la SNCF a une attitude exemplaire dans la prise en charge des victimes", a relevé à l’inverse, Stéphane Gicquel, secrétaire général de la Fédération nationale des victimes d’accidents collectifs (Fenvac) qui déplore un "climat de suspicion permanente". "Cela n’enlève en rien la détermination des familles pour défendre leurs droits au pénal. C’est quelque chose qui est non-négociable", a déclaré M. Gicquel qui précise qu’une association des proches des victimes de la catastrophe est en voie de constitution.

Légèrement blessé lors du déraillement, Jean-Robert Baroux a dit à l’AFP être "très étonné d’apprendre ça" mais n’est "pas choqué car pour des familles qui ont perdu un être cher (...) et qui n’ont pas beaucoup de revenus, ça peut être bien d’avoir un chèque pour couvrir les frais". "J’ai quand même l’impression qu’on veut enterrer l’affaire. (...) Petit à petit, on élimine des voyageurs qui pourraient se porter partie civile", a-t-il ajouté. Une autre passagère du train, qui préfère rester anonyme, s’interroge pour sa part, sur le choix de verser de l’argent uniquement aux personnes hospitalisées, alors que les personnes touchées psychologiquement auront également beaucoup de frais médicaux : "Je n’ai pas les moyens de me payer un psy dans le privé, je n’aurais pas dit non à ce qu’on m’aide financièrement par exemple." "La SNCF a dès les premières minutes, reconnu sa responsabilité de principe", a rappelé Me Thibaut de Montbrial, avocat de la famille de l’une des personnes décédées lors du déraillement. "Cette position réaliste et humaine est appréciée", a-t-il ajouté.

MYTF1News avec AFP - 2 octobre 2013


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