Aqmi, réseau à plusieurs têtes

Abdelmalek Droukdel, le numéro 1

Né en 1970 à Meftah, en Algérie, Droukdel est le chef d’Aqmi. Son « émir », et son fondateur. Issu d’une famille très religieuse, ancien étudiant en chimie - ce qui en fera un artificier au combat -, il a combattu en Afghanistan et dans le Groupe islamique armé (GIA) en Algérie, l’un des plus sanguinaires mouvements locaux. Il rejoint ensuite le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) qu’il dirige à partir de 2004. C’est lui qui est à l’origine du ralliement du GSPC à Ben Laden, en 2006, puis de la création d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) début 2007. Commence alors sous son égide une vague d’attentats-suicides, prises d’otage et de terreur en Algérie et au Sahel. Son nom de guerre, Abou Moussab Abdelwadoud, est un hommage à Al-Zarqaoui, ex-chef d’Al-Qaeda en Irak.

Il profite du chaos provoqué par le coup d’Etat de mars 2012 au Mali pour gagner en influence dans le nord du pays. Il théorise la marche à suivre pour convertir la région au jihad sans s’aliéner les groupes concurrents (le MNLA et Ansar ed-Dine) ni les habitants, ainsi qu’en témoigne le document retrouvé par Libération et RFI à Tombouctou, signé de sa main. Il y explique que le « zèle dans l’application de la charia » a braqué inutilement les projecteurs de « la communauté internationale sur [les hommes d’Aqmi] ». Et rappelle qu’il faut « expliquer la charia aux populations avant de l’appliquer ».

Abou Mohamed al-Maqdissi, l’idéologue

Ce Jordanien de 55 ans, originaire de Palestine, est le principal idéologue de la mouvance jihadiste-salafiste. Il est l’inspirateur religieux et juridique des rédacteurs d’Aqmi. Le nom du savant jordanien revient fréquemment dans le document trouvé à Tombouctou. De nombreuses fois arrêté, al-Maqdissi est emprisonné depuis cinq ans en Jordanie pour avoir, selon les autorités jordaniennes, dirigé une filière de combattants vers l’Afghanistan.

Al-Maqdissi s’était opposé à Zarqaoui, chef d’ al-Qaeda en Irak, tué par les Américains en 2006, et dont le religieux jugeait la radicalité contre-productive. Le site internet d’Al-Maqdissi est très actif et reçoit malgré l’emprisonnement de son principal rédacteur les nombreuses contributions de ce dernier. Al-Maqdissi est aujourd’hui l’un des principaux inspirateurs du groupe salafiste tunisien Ansar al-Charia.

Mokhtar Belmokhtar, le contrebandier

Mokhtar Belmokhtar sur la vidéo diffusée fin 2012. Surnommé « le borgne » à cause d’un œil perdu au combat, ou « Mister Marlboro » en raison de ses trafics en tous genres, Abdelkader Mokhtar Belmokhtar est un peu la tête brûlée d’Aqmi, dont il était l’un des chefs au Mali. Il est l’homme derrière la sanglante prise d’otages de Tigantourine, dans l’est de l’Algérie, en janvier 2013. Deux mois plus tôt, il était entré en dissidence pour protester contre son éviction du leadership d’Aqmi.

Comme Droukdel, il est algérien et a fait ses premières armes très jeune en Aghanistan puis en Algérie au sein du GIA. Après sa prise de distance avec le commandement d’Aqmi il a fondé sa propre katiba (brigade) vouée au combat « pour le règne de la charia » au-delà du Maghreb, dans une zone allant du Niger jusqu’au Tchad et au Burkina Faso. Il connaît le terrain malien comme sa poche. Sa femme est originaire de Kidal. Donné pour mort après la prise d’otages de Tigantourine, il aurait été vu depuis en avril et juin 2012 à Tombouctou et à Gao aux côtés d’Iyad Ag Ghaly, le chef touareg des islamistes d’Ansar ed-Dine. Il aurait revendiqué le double attentat au Niger le 22 mai dans un camp militaire à Agadez, faisant une vingtaine de morts, et le site d’extraction d’uranium d’Arlit.

Abou Zeid, l’intransigeant

On l’appelait aussi « l’émir à la barbichette ». Originaire lui aussi d’Algérie, Abdelhamid Abou Zeid a été tué en février 2013 dans les combats à l’extrême nord-est du Mali, où les soldats français étaient appuyés par des troupes tchadiennes pour l’opération militaire Serval engagée en janvier. Sa mort, annoncée par les Tchadiens le 1er mars, n’a été confirmée que trois mois et demi plus tard par Aqmi.

C’était l’autre figure emblématique du jihad au sud du Sahara avec Belmokhtar, frère de sang dont il était devenu le rival. Abou Zeid, fidèle à la ligne historique et orthodoxe d’Al-Qaeda et à Abdelmalek Droukdel, était considéré comme l’un des chefs les plus radicaux et sans pitié d’Aqmi, et l’un de ses idéologues. Il a été porte-parole de l’organisation avant d’être nommé en novembre 2012 à la tête d’une de ses katibas. Ses hommes opéraient à travers le Sahara, depuis le sud de la Tunisie jusqu’au Niger. Il s’était imposé comme l’un des émirs les plus puissants d’Aqmi en multipliant les prises d’otages contre rançons.

En 2003, il officiait comme adjoint d’Abderrazak el-Para, chef des ravisseurs de 32 touristes européens dans le sud algérien. Il était aussi l’auteur de plusieurs enlèvements d’Occidentaux, dont ceux de cinq employés français d’Areva et de Satom sur le site d’Arlit, au Niger. Quatre d’entre eux sont toujours détenus. On lui attribue aussi l’exécution, en juillet 2010, de Michel Germaneau, un Français âgé de 78 ans malade et affaibli.

Oumar Ould Hamaha, l’homme du Mujao

Egalement appelé « le barbu rouge » en raison de sa barbichette teintée au henné, il aurait été tué en mars dans la région de Gao mais sa mort n’est pas confirmée.

Oumar Ould Hamaha est un Malien d’une cinquantaine d’années. Fils d’un chamelier berabiche, une communauté arabe malienne, il est né à Kidal, selon ses dires à à une radio privée malienne en octobre 2012. Plutôt éduqué, il est francophone.

Ancien lieutenant de Mokhtar Belmokhtar, il a participé à la prise de Tombouctou le 1er avril 2012 au sein d’Ansar ed-Dine puis à la bataille de Gao. Il est alors promu « chef de la sécurité du Mujao » le Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’ouest, organisation issue d’Aqmi et dont l’objectif est d’exporter le jihad en Afrique subsaharienne.

Partisan du jihad global, formé à l’école Aqmi, il ne jure que par la charia. « Seule la charia pourra nous unir qui demeure l’unique solution. Aucun pays du monde ne peut s’arrêter devant les jihadistes. Nous sommes prêts à affronter n’importe quelle armée terrestre ou aérienne », dit-il dans la même interview. « Un mauvais musulman n’acceptera jamais qu’on lui coupe la main », expliquait-il aussi à l’Express en novembre 2012. Il prône l’unicité du Mali, à la différence des Touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), sécessionnistes.

Yahia Djouadi

Dit « l’émir du Sahara », ou Abou Amar, il est l’un des bras droits de Droukdel. Lui aussi formé dans les rangs du GSPC algérien, il dirige une zone du Sahel qui englobe des territoires du Mali, Niger, Nigeria, de la Libye et de la Mauritanie et du Tchad. Il est impliqué dans plusieurs attentats et enlèvements.

Abdelkrim le Touareg

Touareg de la tribu des Iforas, originaire de la région de Kidal au Mali, Abdelkrim al-Targui dirige la katiba « Al-Ansar », composée d’islamistes touaregs maliens, mais aussi des nigériens, béninois et lybiens. Il serait le neveu du chef dAnsar ed-Dine, dirigé par Iyad Ag Ghali. Il est soupçonné d’avoir tué l’otage français Michel Germaneau.

Jean-Louis le Touzet et Cordélia Bonal, Libération.fr - 6 octobre 2013


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