La SNCF présente son plan pour sécuriser son réseau

La SNCF et Réseau ferré de France (RFF), le gestionnaire du réseau ferroviaire, vont investir 410 millions d’euros afin d’améliorer la maintenance du réseau. Trois mois après la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge (Essonne), qui a fait sept morts le 12 juillet, Guillaume Pepy, le PDG de la SNCF, et Jacques Rapoport, son homologue de RFF, devaient présenter, mardi 8 octobre, leur plan d’action pour améliorer la sécurité du réseau, baptisé "Vigirail". Et ce, alors que l’enquête est en cours.

"Nous ne connaissons pas encore les causes exactes de l’accident", indique au Monde M. Rapoport, qui rappelle qu’un "rapport provisoire doit être présenté fin 2013 par le bureau d’enquête sur les accidents de transport terrestre".

"Cependant, nous savons qu’une éclisse a été à l’origine du déraillement du train. Nous savons que l’équipement incriminé avait des défauts. Pourquoi ? Ce n’est toujours pas clair", poursuit-il.

"SUIVI RIGOUREUX"

Après une "campagne de vérification de certains appareils de voie, organisée en juillet", et le lancement d’une opération de "surveillance sur 180 appareils de voie pour analyser leur vieillissement et leur usure", la SNCF et RFF entrent "dans une troisième phase" avec le lancement d’"un plan d’action pour conforter le processus de modernisation et d’entretien des voies", ajoute M. Rapoport.

"Notre responsabilité immédiate était de prendre toutes les décisions pour augmenter la sécurité sur le réseau, abonde M. Pepy. Dans le même temps, on est et on restera toujours aux côtés des victimes et de leurs familles."

"Pour améliorer la sécurité du réseau, nous avons établi un programme précis de six mesures, qui seront déployées de 2014 à 2017, avec un plan d’investissement de 410 millions d’euros et le recrutement de moyens humains, avance M. Pepy. Et nous mènerons un suivi rigoureux avec un tableau de bord trimestriel soumis à nos deux conseils d’administration pour suivre sa mise en place. C’est à la fois un programme tangible et puissant."

Côté investissements supplémentaires, le gros des dépenses – 300 millions d’euros – ira au renouvellement d’aiguillages. "Au début des années 2000, nous renouvelions chaque année moins de 150 aiguillages, indique M. Rapoport. Cette année, ce sera plus de 300. Et à l’horizon 2017, nous entendons en renouveler 500. Les moyens pour mener cette action seront dégagés de l’enveloppe globale de 5,5 milliards d’euros d’investissements dont nous disposons chaque année." Reste que "le problème n’est pas le financement d’un tel plan, mais bien de pouvoir mener ces travaux dans des zones très denses. Cela nécessite d’interrompre des circulations sur des voies extrêmement fréquentées".

DES TABLETTES POUR LES CHEMINOTS

Alors que SNCF Infra, la filiale chargée des travaux de maintenance, a vu ses effectifs fondre entre 2000 et 2010 de 10 000 agents, la SNCF assure désormais inverser la tendance. "Depuis 2011, les effectifs ne baissent plus. Et cette année, nous allons embaucher quelque 2 000 personnes pour l’Infra. En comptant les départs, cela permet d’augmenter de 500 les effectifs de SNCF Infra par rapport à 2012 et de plus de 1 000 par rapport à 2011", détaille M. Pepy.

De même, pour aider ses techniciens à mener leur mission, la SNCF enclenche plusieurs projets. L’entreprise publique va tout d’abord équiper les cheminots de tablettes pour améliorer la traçabilité de la surveillance du réseau. "Cela permettra, par exemple, aux agents d’inspection d’enregistrer des images, des vidéos de points défectueux et de transmettre les données plus rapidement à leurs collègues pour préparer une intervention", explique Pierre Izard, directeur de SNCF Infra. D’ici à 2015, les 50 000 cheminots de l’Infra devraient être équipés.

L’entreprise publique veut s’appuyer sur les nouvelles technologies pour améliorer la formation de ses agents et leur travail. Le groupe va déployer de nouveaux engins de surveillance du réseau pour un coût de 80 millions d’euros. A partir de 2014, un nouvel engin inspectera les voies et des appareils de voie grâce à la... vidéo.

En 2012, la SNCF a, en effet, investi dans une société néerlandaise, Eurailscout, qui a développé un outil de surveillance des rails par vidéo. Les nouvelles technologies permettront aussi d’améliorer la formation des agents de SNCF Infra.

"Ces nouvelles technologies ne sont pas des gadgets, assure M. Pepy. Ce sont des outils d’aide à nos équipes de l’infrastructure. C’est prendre le meilleur de la technologie pour renforcer encore la sécurité du réseau."

Le groupe public entend, par ailleurs, se doter d’une plate-forme sur Internet pour centraliser tous les signalements sur des anomalies présumées du réseau provenant des cheminots, des voyageurs ou des riverains.

Philippe Jacqué, Lemonde.fr - 08 octobre 2013


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