Rue Copernic : la défense d’Hassan Diab lutte contre une extradition

Les avocats du principal suspect de l’attentat de la synagogue de la rue Copernic à Paris il y a 33 ans ont mis en doute lundi à Toronto la crédibilité des preuves pour tenter d’éviter l’extradition à leur client. Les avocats du Libano-Canadien Hassan Diab, un ancien professeur de sociologie à l’université d’Ottawa, ont remis en question une analyse graphologique, élément-clef du dossier à charge, trouvant qu’elle était « truffée d’erreurs ».

Hassan Diab conteste son implication dans cet attentat, qui avait fait quatre morts, et a fait appel de la décision du gouvernement canadien en avril 2012 de l’extrader vers la France, même si la cour avait précédemment souligné la « faiblesse » du dossier à son encontre.

Devant la cour d’appel de l’Ontario, Me Marlys Edwardh a cherché à discréditer l’analyse graphologique réalisée par une experte française, Anne Bisotti, en s’appuyant sur l’opinion de cinq autres experts. Les analyses graphologiques sont cantonnées à une fiche d’hôtel remplie en scripte par un certain Alexander Panadriyu qui s’est révélée être une fausse identité utilisée, selon la police française, par Hassan Diab. Ce dernier aurait acheté une moto et déposé les explosifs dans les sacoches avant de l’abandonner aux abords de la synagogue de la rue Copernic le 3 octobre 1980 en début de soirée.

L’analyse graphologique d’Anne Bisotti, selon l’avocate, n’a pas été réalisée selon « une méthodologie conforme » et la signature au bas de la fiche d’hôtel n’est qu’un « écran de fumée » dans la décision d’extrader Hassan Diab. Ce dernier, qui aura 60 ans dans quelques jours, se dit victime d’une homonymie et clame son innocence, soutenant qu’il était étudiant à Beyrouth au moment des faits.

Pour Me Edwardh, le ministre de la Justice Rob Nicholson a commis l’an dernier une erreur en autorisant l’extradition de Diab sur la base de l’analyse graphologique.

DES PREUVES OBTENUES SOUS LA TORTURE

L’analyse d’Anne Bisotti était la troisième soumise par la France en appui à sa demande d’extradition, les deux précédentes ayant été rejetées par la cour après que la défense a soulevé des objections. La défense a également attaqué l’origine de preuves qui auraient été obtenues sous la torture par les services secrets syriens lors d’interrogatoires annexes. Le ministre de la Justice aurait dû faire une « enquête poussée pour s’assurer » que « personne n’est expulsé » du Canada sur la base de preuves arrachées sous la torture.

Pour Daniel Sheppard autre défenseur du suspect, la preuve contre Hassan Diab vient d’une source non authentifiée du renseignement français et ne peut en conséquence être considérée comme fiable. Les débats ont alors dévié sur le rôle des services de renseignements dans la défense des citoyens et la prévention des actes terroristes.

« Nous combattons tous » le terrorisme et « nous ne disons pas que la France est la seule avec un système injuste », a poursuivi Me Sheppard en soulignant qu’« une réponse civilisée n’est pas d’intenter un procès contre des personnes, la réponse civilisée est d’avoir un procès juste ». L’avocate de l’association des libertés civiles Anil Kapoor a estimé qu’aucune « procédure pénale ne peut sur le fond être jugée recevable » quand les preuves sont non sourcées et non remises dans le contexte. « Ce n’est pas la façon dont nous menons les procès au pénal ».

Après une brève arrestation à Ottawa, Hassan Diab avait été remis en liberté en mars 2009 et placé sous contrôle judiciaire. Il a été placé en détention le temps de l’examen en appel de son extradition. L’audience de la Cour d’appel de l’Ontario devait se poursuivre mardi avec les réponses du ministère public. La décision devrait ensuite être mise en délibéré.

libération.fr avec AFP - 5 novembre 2013


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