26 janvier 1994, le toit du casino Ferber de Nice s’effondre

L’effondrement mercredi du toit de Carrefour Lingostière de Nice n’est pas sans rappeler la catastrophe du Casino Ferber de Nice. Le 26 janvier 1994, à 16h08, le toit de cette grande surface s’était écroulé, tuant trois personnes. Retour sur cette catastrophe.

L’apocalypse. Ce jour-là, un mercredi, le supermarché était bondé. Des familles faisaient leurs courses. Tout à coup, un vacarme insensé, la peur, puis l’horreur. Le toit vient de s’effondrer. C’était le 26 janvier 1994, à 16h08 exactement.

La catastrophe a tué trois personnes dont deux jeunes employés du magasin et fait cent seize blessés dont certains très grièvement. Regroupés dans une association de victimes, ils n’oublieront jamais cet instant où ils ont cru mourir et où leur destin a basculé dans la souffrance, les séquelles, voire le handicap. « C’était comme un tremblement de terre. » Ces mots reviennent comme un refrain.

« Homicides et blessures involontaires »

C’est d’abord un craquement qui a donné l’alerte, un rayon qui s’est mis à vibrer. Tout de suite après, le béton a pris au piège ceux qui se trouvaient au milieu de l’hypermarché.

Un an après le drame, sept personnes parmi lesquelles trois responsables de la société Casino ont été mises en examen pour « homicides et blessures involontaires ». En juin 1996, cinq d’entre elles ont écopé de peines de prison avec sursis tandis que les blessés et les proches des victimes étaient indemnisés.

En revanche, les riverains ont dû patienter plus de dix ans pour que leur préjudice matériel soit évalué. Et aujourd’hui encore, du côté de Ferber , l’émotion est vive lorsqu’on se souvient de ces craquements assourdissants et du ballet d’ambulances qui a suivi, jusqu’au cœur de la nuit.

« Je me trouvais au Casino et, dans le cadre de l’agrandissement des locaux, je démontais des cloisons dans la réserve avant de charger les gravats sur mon camion. Je travaillais à deux mètres cinquante de hauteur quand, tout à coup, j’ai ressenti des mouvements bizarres. Le comptoir de la chambre froide sur laquelle je me tenais debout avançait légèrement. J’ai cru qu’un de mes collègues avait tapé dedans avec la minipelle. Je me suis retourné pour lui dire de faire attention. Il était loin... Alors j’ai regardé autour de moi pour essayer de comprendre et, en levant la tête, j’ai aperçu un morceau de ciel. J’ai alors réalisé que la terrasse avait bougé tandis que les dalles tremblaient et que les gens dans le magasin commençaient à crier en recevant des bouts de faux plafond. »

Thierry Conte, chauffeur de poids lourds, n’a pas tout à fait réalisé quand il a entendu un ami lui crier : « Tire-toi. Tout s’effondre ! »« Il m’a proposé une échelle mais j’ai préféré sauter en faisant un roulé-boulé pour atterrir sans dommage. »

Sombre miracle

Un réflexe qui l’a sans doute sauvé. Thierry part alors en direction de la sortie quand il reçoit une dalle de béton qui, malgré son casque de sécurité, l’assomme. Lorsqu’il revient à lui, il ne voit rien et entend des plaintes étouffées. Il perçoit aussi les appels de ses collègues qui sont à l’extérieur et l’appellent. « Je me suis dirigé à tâtons, en suivant leurs voix. Puis j’ai eu un réflexe de secouriste. J’ai voulu aider. J’ai sorti une dame âgée qui était coincée derrière les rayons de pâtes. Les pompiers sont arrivés et moi, je suis à nouveau tombé dans les pommes. »

Thierry est ranimé puis allongé dans un couloir à l’extérieur à côté d’une jeune femme en sang. La malheureuse, qui devait se marier quelques jours plus tard, ne survivra pas à ses blessures. Quant à lui, de terribles cauchemars l’ont poursuivi pendant des années.

Nice matin.com, le 5 février 2014

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