Toulouse, hommage du Crif à Latifa Ibn Ziaten en présence de Valls

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) de Midi-Pyrénées a rendu hommage, jeudi à Toulouse en présence de Manuel Valls, au travail de l’association fondée par Latifa Ibn Ziaten, mère d’un soldat assassiné en 2012 par Mohamed Merah.

A l’occasion de son dîner annuel, le Crif régional a remis un prix à Latifa Ibn Ziaten pour honorer le travail de "l’Association Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix" fondée en avril 2012, moins de deux mois après les sept assassinats commis par Merah, petit délinquant des cités toulousaines tombé dans l’islamisme radical.

Le dîner réunissait quelques centaines de convives, juifs et non juifs. Le président national du Crif Roger Cukierman y assistait, de même que le cinéaste Alexandre Arcady, des élus, des représentants des différentes religions et de l ?État.

"L’islam n’est pas une arme de guerre. L’islam, c’est la paix, la tolérance, le respect. Les gens qui disent tuer au nom de l’islam... Non, on ne doit pas tuer !", a déclaré à l’AFP Mme Ibn Ziaten, mère de famille de 53 ans, juste avant de recevoir son prix. "Il faut savoir pardonner" et ne pas garder "la haine au coeur", a-t-elle aussi insisté.

Son fils, le soldat Imad Ibn Ziaten, avait été tué au nom du jihad le 11 mars 2012 à Toulouse par Mohamed Merah. Quatre jours plus tard, à Montauban, deux autres parachutistes avaient été assassinés par le jeune "tueur au scooter" de 23 ans. Puis le 19 mars, Merah avait abattu trois enfants juifs et le père de ces derniers à l’école juive Ozar Hatorah de Toulouse.

A l’issue du siège de son appartement à Toulouse, Mohamed Merah avait été tué par les policiers du Raid le 22 mars 2012.

Depuis, l’Association Imad Ibn Ziaten tente de promouvoir chez les jeunes la laïcité et le dialogue interreligieux.

Samuel Sandler, père et grand-père de trois des victimes juives de Merah, était également présent jeudi soir au dîner du Crif à Toulouse.

Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls y a appelé à combattre "l’antisémitisme virulent" diffusé notamment sur internet. Il a évoqué une "lame de fond" faisant se joindre "l’antisémitisme traditionnel et un nouvel antisémitisme (...) qui se cache derrière un antisionisme de façade". "Cette jonction, qui se fait notamment sur Internet, ranime un antisémitisme virulent, celui dont Alain Soral n ?est qu ?un petit idéologue rabougri", a lancé M. Valls, au sujet de l’essayiste proche de l’extrême droite et du polémiste Dieudonné.

Le ministre s’est également dit "fier" d’avoir mené le combat pour faire interdire les représentations des spectacles de Dieudonné, ajoutant : "Plus personne ne peut dire qu’il ne sait pas quel est le vrai visage de Dieudonné M’Bala M’Bala".

La présidente du Crif Midi-Pyrénées, Nicole Yardeni, s’était auparavant inquiétée d’un réveil de la haine, "parfois dissimulée sous le masque de l’antisionisme", en fustigeant "les islamistes, l’extrême droite" et "l’ultra-gauche".

Deux mille personnes avaient participé le 22 février à Toulouse à une manifestation contre les discriminations homophobes et antisémites. Mais des représentants de la communauté juive avaient été alors conspués par une partie du cortège, aux cris de "Yardeni casse-toi, le Crif, fascistes, sionistes, cassez-vous".

Au dîner du Crif à Toulouse, était présente Françoise Rudetski de la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (Fenvac). "Je suis venue interpeller M. Valls car deux ans après les drames de Montauban et de Toulouse, les dossiers d’indemnisation sont au point mort", a-t-elle affirmé à l’AFP. "Les propositions d’indemnisation faites aux familles des victimes et aux blessés sont indécentes", a-t-elle ajouté.

Varmatin.com - 28 février 2014

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