Crash Rio-Paris : Air France conteste le rapport qui met en cause l’équipage

La compagnie aérienne française va déposer un recours en nullité du rapport de contre-expertise publié mardi selon lequel la catastrophe du vol Rio-Paris d’Air France en juin 2009 est due à « une réaction inappropriée de l’équipage après la perte momentanée des indications de vitesse ».

Une contre-expertise « conduite de manière unilatérale et non contradictoire » : Air France a annoncé ce mercredi vouloir déposer un recours en nullité du rapport publié la veille dans l’enquête sur le crash du vol Rio-Paris d’Air France en 2009. Un rapport réclamé par le constructeur aérien Airbus, mis en examen pour homicide involtaire dans cette affaire, tout comme la compagnie.
Pour Air France, ce nouveau rapport, qui accable l’équipage du vol Rio-Paris, s’est fait « en violation du principe même du procès équitable, la compagnie n’ayant pas, quant à elle, été invitée à participer aux travaux des experts », selon la direction. La compagnie estime que « les éléments de ce rapport font une présentation partiale et tronquée des causes de l’accident qui porte atteinte aux droits fondamentaux de la défense d’Air France ».
Le document publié mardi conclut en effet que le crash a été provoqué par « une réaction inappropriée de l’équipage après la perte momentanée des indications de vitesse ». Les simulations et les expertises ont « clairement établi la prédominance des facteurs humains dans les causes de l’accident et dans les facteurs contributifs ». Les cinq experts, qui assurent que l’accident « aurait pu être évité, et ceci par quelques actions appropriées de l’équipage », dressent une liste de 14 facteurs expliquant l’accident par ordre d’importance. La responsabilité de l’équipage arrive en premier, mais les experts mettent également en cause la compagnie aérienne, en déplorant une « absence de directives claires de la part d’Air France malgré plusieurs cas analogues faisant suite à des givrages des sondes Pitot et donc un retour d’expérience insuffisant ». Ils pointent par ailleurs « l’insuffisance de la formation des pilotes dans l’application de la procédure ‘IAS douteuses’ », requise lors du givrage des sondes et sur le comportement de l’avion lors de la perte des indications de vitesse.

De nombreux éléments omis, selon la compagnie

Le crash de l’Airbus A330 d’Air France, qui s’était abîmé le 1er juin 2009 dans l’océan Atlantique au large du Brésil, avait coûté la vie aux 228 passagers et membres d’équipage. Alors que le pilote automatique de l’A 330 venait de se déconnecter à cause du givrage des sondes Pitot, qui servent à mesurer la vitesse de l’appareil, l’un des deux copilotes aurait utilisé une « mauvaise procédure » amenant l’appareil à décrocher avant de s’abîmer en mer.
Pour Air France, le rapport publié mardi omet de nombreux éléments, à commencer par ceux pouvant mettre en cause le constructeur. Des élements relatifs au fonctionnement de l’avion A330 « qui figuraient dans le rapport » du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) et le premier rapport d’expertise judiciaire. Une première expertise présentée en juillet 2012 aux familles des victimes faisait état d’une conjonction d’erreurs humaines et de défaillances techniques.
Le syndicat de pilotes minoritaire Alter a déploré dans un communiqué que les pilotes soient pointés du doigt comme seuls responsables, rappelant que l’origine du cash reste la défaillance des sondes de vitesse Pitot, fabriquées par Thales, qui givraient en haute altitude. Elles ont depuis été remplacées par celle du concurrent Goodrich. Un des avocats des proches des victimes, Me Yassine Bouzrou, avait jugé la veille le rapport « plein de contradictions et d’imprécisions ». « Les experts se contentent de blâmer les pilotes tout en éludant la question centrale des défaillances techniques », avait-il réagi. Ces conclusions seront présentées le 2 juillet aux parties civiles par les experts et les juges. Un procès pourrait avoir lieu en 2015 ou 2016.

Reuters, 14.05.2014, Anne-Laure Fremont pour Le Figaro


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