Présentée comme une priorité par le gouvernement, la lutte contre la violence en Corse donne à voir, dans l’ombre, à l’inverse, un vrai désordre sur fond de guerre des polices.
Dernière illustration de ces dysfonctionnements au sein d’un monde judiciaire et policier censé libérer la Corse d’un système mafieux, le juge d’instruction antiterroriste Gilbert Thiel a brutalement dessaisi, le 17 avril, la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) des deux plus importants dossiers d’attentats commis sur l’île.
Il reproche à la police judiciaire de lui avoir dissimulé des éléments essentiels dans l’affaire du double attentat à la roquette du 5 décembre 2013 contre la caserne Battesti, à Ajaccio, où réside le commandement de la gendarmerie en Corse, et la caserne Paoli, à Bastia.
Cette « déloyauté », selon le terme d’un membre du parquet antiterroriste parisien, qui a compétence nationale, a semé le trouble au sein de la hiérarchie policière et judiciaire, à Paris, et menace la régularité d’autres procédures.
Le Monde, le 17/05/2014, par Jacques Follorou