L’UE se penche de nouveau sur le dossier des djihadistes

Les ministres européens de l’intérieur, réunis jeudi 5 juin à Luxembourg, doivent, après l’attaque contre le Musée juif de Belgique, à Bruxelles, réexaminer le dossier des combattants partis en Syrie, ou revenant de ce pays. Sur la table, un document élaboré par le coordinateur de l’Union européenne (UE) en matière de lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove.

Dans cette note, lue par Le Monde, le coordinateur évoque « une menace majeure » et « un phénomène qui va sans doute persister au cours des prochaines années », nécessitant « un engagement sur le long terme ». M. de Kerchove estime que si des progrès ont été accomplis dans quatre domaines – la prévention, l’identification et la détection de ceux qui partent, la réponse judiciaire et la coopération avec les pays tiers concernés – la réponse reste insuffisante « compte tenu de l’ampleur de la menace ».

« La prise de conscience de ce qui est en train de se produire nous amène à coopérer davantage », a expliqué François Hollande mercredi soir, après la première réunion des pays du G7, à Bruxelles. Là où a eu lieu, samedi 24 mai, un attentat qui pourrait être le premier commis par un islamiste armé revenant de Syrie.

COUPER L’HERBE SOUS LE PIED DES RECRUTEURS

Dans le domaine de la prévention, M. de Kerchove suggère de répondre à la propagande répandue par ceux qui veulent embrigader des jeunes dans les groupes radicaux. Par deux biais : la création d’un site Web qui recenserait toutes les opportunités, pour des volontaires, d’apporter une aide humanitaire aux victimes du conflit, dans la région et dans l’Union. En appuyant les initiatives d’organisations humanitaires, on couperait l’herbe sous le pied des recruteurs qui invoquent la nécessité, pour de jeunes musulmans, d’aller aider les personnes sur place.

Deuxième projet : la mise sur pied d’un groupe de communication stratégique sur la réalité du conflit et l’élaboration d’une « contre-narration » destinée notamment à contrer « la perception que la communauté internationale est indifférente ». Et à « montrer la réalité des actions des extrémistes, rejetées par les communautés syriennes ».

Une attention particulière devait être accordée aux réseaux sociaux et aux moyens de contrer la propagande qui y est répandue, préconise le rapport, qui invite aussi à la mise au point de « stratégies de sortie » pour aider ceux qui le veulent à abandonner leur engagement dans les groupes de combat. Une conférence abordera cette question le 17 juin.

MIEUX IDENTIFIER LES VOYAGES « À RISQUES »

Le rôle de certaines télévisions satellitaires diffusées en Europe, l’aide aux familles des jeunes concernés et la mise au point de mécanismes communs de « détection précoce » sont d’autres priorités à fixer, souligne M. de Kerchove.

Sur le plan policier et sur le plan judiciaire, une meilleure utilisation des outils existants est possible, note sa proposition. Il s’agit du système d’information Schengen II, des bases de données d’Europol et Interpol, des fichiers des documents de voyage perdus ou volés, etc. Quinze pays sont, par ailleurs, en train de créer des systèmes censés permettre de mieux identifier les voyages « à risques » avant leur départ. Il reste à les connecter entre eux.

Judiciairement, M. de Kerchove propose de renforcer le rôle d’Eurojust, le projet de parquet européen, et de lancer des équipes communes d’enquête. Enfin, la coopération avec huit pays clés de la région doit être privilégiée. Une attention particulière sera accordée à la Turquie, avec laquelle un accord opérationnel est en négociation. Il incluerait la mise au point d’un « guichet unique » qui traiterait en commun toutes les questions relatives aux combattants étrangers passant par ce pays.

Reuters, 5.06.2014, LeMonde.fr


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