France : Une mosquée parisienne soupçonnée de former des djihadiste

A Paris, une mosquée du 11e arrondissement est soupçonnée d’abriter une filière de djihad qui envoyait ses présumés disciples dans des zones de combat pakistano-afghanes. Parmi ces derniers, quatre individus dont le procès s’est ouvert ce lundi devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris.

Le procès de quatre djihadistes et de leur groupe de soutien logistique présumés s’est ouvert lundi, devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Ils sont soupçonnés d’avoir fait, il y a six ans, le jihad dans des zones de combat situées entre le Pakistan et l’Afghanistan, avant de revenir en Europe pour « mener des projets terroristes », rapporte RFI.

Les neuf accusés, des Français, Tunisiens et des binationaux, âgés de 24 à 41 ans, ont tous un point commun. Ils fréquentaient tous, la mosquée Omar de la rue Jean-Pierre Timbaud, dans le 11e arrondissement parisien. Celle-ci est décrite par les enquêteurs comme un « important lieu du salafisme radical ».

Des prêches radicaux
« Sa réputation est d’être fréquentée par des gens un peu radicaux. C’était surtout l’imam de la mosquée qui faisait des prêches radicaux », a reconnu ce lundi l’un des prévenus à la barre, soupçonné d’avoir financé les départs de ces « combattants » grâce à un magasin de taxi-phone situé juste en face du lieu de culte musulman, souligne 20minutes.fr.

C’est l’enquête, ouverte en mars 2009 et conduite par des juges du pôle antiterroriste, qui a révélé l’existence de la filière. Selon l’AFP, celle-ci passait par la Turquie, l’Iran puis le Pakistan pour acheminer plusieurs jihadistes vers la zone de combat pakistano-afghane, dont au moins trois ont trouvé la mort sur place.

Parmi les prévenus qui étaient sur le banc hier, Riadh Hennouni, 27 ans accusé d’avoir entretenu des liens, à son retour en Italie en 2010, avec Moez Garsallaoui. Ce dernier était connu pour avoir recruté plusieurs combattants pour le compte d’Al Qaïda en Europe avant d’être tué en 2012, dans le raid d’un drone américain dans le nord du Pakistan.

Une messagerie commune
Pour éviter d’être repérés par les services anti-terroristes français, les deux hommes et d’autres membres du groupe utilisaient la même adresse de messagerie et le même mot de passe. Ils rédigeaient leurs messages dans la partie « brouillon » de la messagerie qui était accessible à tous, et n’avaient donc pas besoin d’envoyer des courriels.

Monahem Goujih, 34 ans, est également considéré comme un personnage central du dossier. L’homme avait été arrêté dans un train en Bulgarie en novembre 2011, avant son extradition. Les policiers bulgares avaient alors trouvé, cachée dans le boîtier de sa montre, une micro-carte informatique contenant de nombreux fichiers permettant de préparer des actes de terrorisme, souligne une source proche du dossier. Mais Monahem Goujih en conteste la possession, tout comme les combats qu’il aurait mené dans les zones de combat pakistano-afghanes.

Sa défense ne compte pas non plus se laisser faire. « A supposer établie cette possession, elle ne traduit pas une volonté claire, ferme et définitive de passer à l’acte », a assuré son avocat, Me Victor Zagury, contacté par l’AFP. Il a également déploré la durée « extrêmement longue » de la détention provisoire de son client, incarcéré depuis novembre 2011.

Selon 20minutes.fr, il a aussi remis en cause le terme de « djihad » utilisé par le juge d’instruction dans son ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel. « Ce n’est pas un terme présent dans la langue française », a-t-il fait valoir, s’appuyant sur l’ordonnance de Villers-Cotterêts d’août 1539, édictée par François 1er, et imposant le Français comme langue officielle pour les actes de droit et administratifs, en lieu et place du latin. Les audiences se poursuivront jusqu’au 4 juillet.

Reuters, 24.06.2014, Ghita Isamaili pour yabiladi


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