Ce que l’on sait du tir de missile ayant détruit le vol MH17 en Ukraine

Le Boeing 777-200ER de la compagnie Malaysia Airlines, qui assurait la liaison entre Amsterdam et Kuala Lumpur s’est abîmé en vol jeudi 17 juillet, dans l’est de l’Ukraine. A son bord naviguaient 298 personnes, parmi lesquelles 154 Néerlandais, 27 Australiens, 23 Malaisiens, 11 Indonésiens, 9 Britanniques, 4 Allemands, 4 Belges, 3 Philippins et 1 Canadien.

« La route empruntée par l’appareil avait été déclarée sûre par l’Organisation mondiale de l’aviation civile et celle-ci a précisé que l’espace aérien traversé par l’appareil n’était sujet à aucune restriction », a annoncé le premier ministre malaisien. Les dirigeants occidentaux réclament à l’unisson une enquête internationale.

La piste du missile sol-air privilégiée

L’avion a quitté l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol à 11 h 15 (heure de Paris). Selon un responsable des services de contrôle aérien ukrainien, l’équipage n’avait signalé aucun problème en survolant l’Ukraine. Le contact avec l’appareil a été perdu avec l’appareil à 13 h 15 (heure de Paris).

Quelques heures après les faits, le vice-président américain Joe Biden a rapidement affirmé dans les médias : « L’avion a été abattu, ce n’est pas un accident. » Des officiels américains déclaraient dans le même temps au New York Times que le vol MH17 avait été abattu par un missile sol-air, dans la lignée des informations diffusées par l’agence de presse Interfax-Ukraine.

Selon le Wall Street Journal, les autorités aériennes ukrainiennes et les services de renseignement américains ont également confirmé, grâce à des analyses satellites, qu’un tel missile avait frappé l’avion alors qu’il volait à près de 10 000 mètres d’altitude dans la zone aérienne de la région de Donetsk.

Le sort des boîtes noires incertain

Peu après le drame, les séparatistes prorusses ont annoncé avoir retrouvé une boîte noire de l’appareil, et fait part de leur souhait de l’envoyer pour analyse à Moscou. Mais, là encore, cette information est à prendre avec précaution, car les séparatistes n’ont fourni aucune preuves qu’ils détenaient l’enregistreur.

Jeudi matin, les secouristes ont annoncé qu’ils avaient retrouvé une boîte noire du Boeing.

Si l’analyse de ces enregistreurs de vol devrait donner des informations sur les dernières minutes de vol du MH17, elle ne devrait toutefois apporter que peu de réponses sur la véritable inconnue de cette affaire : l’origine du tir. Les analyses des traces d’explosifs retrouvés sur les débris pourraient en revanche apporter des éléments décisifs.

Kiev accuse la Russie et les séparatistes...

Aucune information fiable n’a en effet pu encore établir l’origine du tir de missile : les séparatistes prorusses, les soldats russes ou les forces gouvernementales ukrainiennes. Immédiatement après l’annonce du crash, différentes versions des événements sont apparues et les accusations ont fusé entre le gouvernement ukrainien et les séparatistes, qui se battent dans la région depuis plusieurs mois.

Le président ukrainien, Petro Porochenko, a indiqué que son armée n’utilisait pas de missiles sol-air depuis le lancement de son offensive « antiterroriste », pour la simple raison que les rebelles ne possèdent pas d’avions. Le chef de la sécurité d’Etat ukrainienne a mis en cause deux responsables des services de renseignement militaire russes, en fondant ses accusations en partie sur des interceptions de conversations téléphoniques diffusées partiellement sur YouTube par le SBU, les services de renseignement ukrainiens. Le site Internet Kyiv Post en a réalisé une traduction en anglais.

Un conseiller du ministère de l’intérieur, Anton Guerachtchenko, a, quant à lui, affirmé que le missile provenait d’un système antiaérien « Bouk », de fabrication russe.

Le 29 juin, les séparatistes indiquaient sur Twitter avoir pris le contrôle de batteries de missiles sol-air « Bouk » sur une base militaire ukrainienne dans la région de Donetsk. L’information avait été relayée par plusieurs sites d’information russes.

Peu avant le crash du vol MH17, une photo a aussi été mise en ligne sur une page du réseau social Vkontakte utilisée par les séparatistes. A côté de ce cliché, pris dans le secteur de Torez également, on pouvait lire – avant que ce message soit effacé :

« Dans le secteur de Torez, un appareil An-26 [Antonov] vient d’être abattu, il est tombé quelque part sur la mine Progrès. Nous avions prévenu : ne volez pas dans “notre ciel”. »

Ce n’est pas la première fois qu’un avion a été attaqué dans la région : pas plus tard que jeudi matin, les autorités ukrainiennes avaient accusé la Russie d’avoir abattu un avion de combat Su-25 – ce que Moscou avait démenti.

... Moscou et les séparatistes accusent l’Ukraine

Le président russe Vladimir Poutine a fait porter à l’Ukraine « la responsabilité de la terrible tragédie » qui « n’aurait pas eu lieu si la paix régnait dans ce pays, si les opérations militaires n’avaient pas repris ».

Plusieurs responsables séparatistes ont aussi pris la parole dans les médias internationaux pour assurer que leurs missiles étaient incapables d’atteindre une cible au-delà de 4 000 mètres, pointant de fait la responsabilité de l’armée ukrainienne. « Nous n’avons pas les armes pour toucher un avion à cette altitude [10 000 mètres] », a assuré au New York Times Andreï Pourguine, vice-premier ministre de la « République populaire de Donetsk ».

Alexandre Borodaï, son supérieur, a accusé « l’armée de l’air ukrainienne » d’avoir abattu l’avion sur la chaîne russe Rossiya 24, sans davantage de preuves. Sur le site officiel de l’autoproclamée « République de Louhansk », une autre thèse, non vérifiée, apparaît, selon laquelle l’avion malaisien aurait été abattu par un avion ukrainien, lui-même abattu ensuite par les forces prorusses :
« Des témoins ont vu le Boeing 777 attaqué par un avion de chasse ukrainien. Après quoi, l’avion de ligne s’est brisé en deux et est tombé sur le territoire de la “République de Louhansk”. Après l’attaque, l’avion ukrainien a été abattu et est tombé lui aussi. »

lemonde.fr avec AFP, AP et Reuters - le 18 juillet 2014

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