Le dernier voyage du « Costa Concordia »

La carcasse rouillée du Costa-Concordia, dont le naufrage au large de l’île du Giglio, en Toscane, le 13 janvier 2012 a fait 32 morts, est arrivée dimanche 27 juillet à Gênes, dans le nord de l’Italie, où elle sera démantelée. Après avoir été remorquée pendant quatre jours sur près de 200 milles nautiques – près de 400 kilomètres – l’épave a atteint dimanche après-midi Voltri, port industriel de Gênes.

Le président du conseil Matteo Renzi s’est rendu sur place pour saluer le travail des sauveteurs. « Ce n’est pas un jour pour se mettre en avant ou faire du spectacle, c’est une marque de gratitude du président du Conseil pour ce qui a été fait et qu’on disait pourtant impossible, a-t-il déclaré. C’est une page terrible que nous devions tourner. »

LE DÉMANTÈLEMENT PRENDRA DEUX ANS

Au terme de longs mois de préparatifs, la carcasse renforcée du Costa-Concordia, qui pèse 114 500 tonnes et mesure 290 mètres de long, a été remise à flot mercredi dernier par injection d’air dans une trentaine de caissons métalliques fixés à sa coque.

L’opération de renflouement, considérée comme l’une des plus onéreuses et des plus complexes du genre, devrait coûter plus de 1,5 milliard d’euros au groupe Carnival Corp, le propriétaire du navire, et à ses assureurs. Le démantèlement sera assuré par un consortium emmené par le groupe italien d’ingénierie Saipem et le chantier naval San Giorgio del Porto, situé à Gênes. Le processus pourrait prendre deux ans pour un coût de 100 millions d’euros.

Le Costa-Concordia, grand comme deux fois et demi le Titanic, transportait quelque 4 000 passagers quand il s’est échoué sur des récifs à quelques encablures de l’île du Giglio. Son capitaine, Francesco Schettino, est actuellement en procès pour homicides involontaires et abandon de poste. Son remorquage a provoqué l’émoi en Corse, où des élus et des écologistes redoutaient des risques pour l’environnement. Le navire est passé, en effet, à neuf kilomètres du Cap Corse.

Une nouvelle vie attend à présent le Concordia, dont une grande partie de l’acier est considérée comme réutilisable et devrait être cédée à des groupes sidérurgiques pour être refondue afin de donner naissance à de nouveaux matériaux. D’autres pièces, jugées « significatives », pourraient faire leur entrée au musée de la mer de Gênes.
L’épave du "Costa-Concordia" entre dans le port de Gênes, le 27 juillet.

Pour cette ville, patrie de Christophe Colomb, ancienne hyperpuissance maritime et qui a été préférée au port toscan de Piombino, l’arrivée du bateau est une aubaine. Elle devrait fournir du travail à quelque 700 personnes pendant un an et demi, a estimé le président de la région de Ligurie, Claudio Burlando.

Selon lui, cet événement peut aussi constituer un point de départ pour la relance d’une « filière » démolition, abandonnée il y a des dizaines d’années au profit des pays asiatiques comme le Bangladesh, qui opèrent dans des conditions sociales et environnementales « très discutables ».

M. Renzi est allé dans le même sens, prenant le contre-pied des nouvelles incertitudes entourant l’économie italienne : « nous ne nous résignons pas à la rhétorique du déclin. Nous pensons que nos villes sont à même d’attirer des investissements industriels et de suivre des politiques industrielles dignes de ce nom. Le port de Gênes va dans cette direction », a-t-il dit.

lemonde.fr avec AFP et Reuters - le 27 juillet 2014

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