Crash d’Air Algérie : comment le BEA enquête-t-il sur les accidents d’avion ?

Dans quelles circonstances le vol d’Air Algérie s’est-il crashé, le 24 juillet, dans le nord du Mali ? C’est à cette question que tentera de répondre le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), seul organisme français à mener des enquêtes techniques sur les accidents d’avion. Sollicité par les autorités maliennes, le BEA a dépêché plusieurs enquêteurs sur les lieux du crash et s’est vu remettre les boîtes noires.

Organisme mondialement reconnu, rattaché au ministère des transports, le BEA, anciennement appelé Bureau enquêtes-accidents, dirige environ 250 enquêtes par an sur les accidents ou incidents qui ont lieu en France, aussi bien sur des avions de transport public que lors de vols privés ou de loisirs.

Dans quels cas intervient-il ?

Si le BEA est naturellement chargé des enquêtes concernant les accidents survenus en France, il intervient aussi régulièrement hors du territoire, dans deux cas principalement : si le constructeur ou le concepteur de l’avion est français, ou si l’appareil est immatriculé ou exploité en France. Il peut également participer à une enquête s’il est sollicité par un pays, comme dans le cas de l’enquête sur la disparition de l’avion de la Malaysia Airlines MH 370, ou si un accident a fait des victimes françaises. Chaque année, il intervient dans environ 150 enquêtes dirigées par un Etat étranger.

Dans le cas du vol AH 5017, le BEA intervient car 54 ressortissants français étaient à bord de l’appareil, mais aussi car les autorités maliennes lui ont demandé de décrypter les enregistrements des boîtes noires, ne disposant en effet pas d’un laboratoire suffisamment doté pour les analyser.

Quels moyens techniques utilise-t-il ?

Le BEA fait partie des rares organismes au monde à disposer de la panoplie complète des moyens techniques nécessaires à l’investigation d’accidents d’avions. Il dispose notamment d’équipes spécialisées capables de lire et d’analyser les boîtes noires, qui enregistrent tous les paramètres du vol et les conversations dans le cockpit.

Le BEA regroupe 110 personnes, dont une cinquantaine d’enquêteurs, anciens pilotes civils et militaires ou ingénieurs spécialisés. Il fait appel, si besoin, à des experts extérieurs.

Comment une enquête se déroule-t-elle ?

La première tâche des enquêteurs du BEA consiste à recueillir un maximum d’éléments pour déterminer les origines de l’accident : boîtes noires, observations sur le site de l’accident, témoignages, dossiers relatifs à l’équipage et à l’appareil, conditions météorologiques ou encore des éléments liés au contrôle du trafic aérien, comme les radars.

Grâce à ces éléments, les enquêteurs reconstituent le scénario le plus probable et précis possible. Un processus complexe car, comme le rappelle le site de l’organisme :

« Un accident résulte nécessairement d’un enchaînement de plusieurs causes toutes très peu probables. Tous les facteurs possibles doivent donc être passés en revue : la météo, la préparation du vol, le contrôle aérien, l’état de l’avion, la qualification des pilotes, l’organisation de la compagnie, etc., ce qui nécessite un travail considérable de recherche d’informations chez tous les acteurs concernés. »

Il est d’usage que le BEA délivre un premier rapport préliminaire dans les trente jours suivant le début de son enquête. Le rapport définitif peut être rendu plusieurs mois, voire des années après l’accident. Une grande enquête dure en moyenne deux ans.

A titre d’exemple, le crash du Rio-Paris était survenu le 1er juin 2009, mais le rapport définitif n’avait été publié qu’en juillet 2012.

Sa mission première : améliorer la sécurité

Le rôle du BEA n’est pas de déterminer les responsabilités pénales, mais d’établir, grâce à ses rapports d’enquêtes, des recommandations de sécurité destinées à l’ensemble de la communauté aéronautique et du transport aérien. Pour autant, le rapport du BEA permet de fournir des éléments techniques pouvant orienter la justice, comme le souligne l’organisme sur son site :

« L’enquête du BEA vise exclusivement à l’amélioration de la sécurité au profit des passagers et des équipages : à la différence de l’enquête judiciaire, elle ne présuppose pas l’existence d’un délit. »

Et à l’étranger ?

La Grande-Bretagne dispose d’un organisme du même type, l’AAIB (Air accidents investigation branch) ainsi que les Etats-Unis (National transportation safety board), tous deux mondialement reconnus.

lemonde.fr avec AFP - le 29 juillet 2014

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