Crash d’Air Algérie : le vol AH 5017 a décroché dans un orage

L’enregistrement des conversations entre pilotes étant « inexploitable », nombre d’incertitudes demeurent sur l’accident qui a coûté la vie à 116 passagers dont 54 Français, le 24 juillet dernier au sud du Mali.

Le scénario qui a conduit au crash du vol d’Air Algérie au sud du Mali le 24 juillet s’ébauche lentement. Les enquêteurs français du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) ont dévoilé, jeudi, leurs premières conclusions après l’étude des boîtes noires de l’appareil. Ou, du moins, de l’une des boîtes noires. Les données du CVR (Cockpit Voice Recorder), qui enregistre toutes les conversations de l’équipage, sont pour l’heure « inexploitables », affirme Rémi Jouty, le directeur de BEA. Mais rien pour l’instant ne permet d’émettre des certitudes.

Le schéma qui se dessine avec les seuls paramètres techniques, est celui d’une chute brutale de l’appareil alors qu’il contournait un vaste orage. Le vol AH 5017 décolle le 24 juillet à 1 heure 15 de Ouagadougou en direction d’Alger, avec 116 passagers à bord. « Il a pris sa trajectoire, puis a gagné normalement son altitude et sa vitesse de croisière », explique l’enquêteur. Le MD-83 d’Air Algérie se met alors à louvoyer. Le commandant de bord espagnol cherche à contourner par l’ouest une vaste cellule orageuse, un phénomène courant dans cette région à cette époque de l’année, et dont les nuages montent bien au-dessus des 10.000 mètres d’altitude atteints par l’appareil. « Ce sont des écarts typiques d’un équipage qui veut éviter un système orageux », détaille Rémi Jouty. Les choses semblent s’être compliquées un peu après. Les spécialistes notent que l’appareil commence alors à perdre de la vitesse puis de l’altitude avec de « forts changements » dans le taux de roulis et l’assiette. À 1 h 45, l’avion est à 9500 mètres d’altitude et à 650 km/h. Il tente peu après un virage à gauche et décroche pour tomber en feuille morte. « La vitesse descendante est importante », analyse le BEA.

Impossibilité d’écouter les conversations de l’équipage

À 1 h 47min 15s, dernier point enregistré, le vol AH 5017 n’est plus qu’à 490 mètres d’altitude et à 740 km/h. « Il s’est écrasé une seconde plus tard », conclut Rémi Jouty. Pour affiner les choses, et connaître les raisons de cette chute, il faut maintenant que les équipes d’enquêteurs travaillent, notamment avec les hommes du constructeur McDonell-Douglas pour « simuler le comportement de l’avion ». L’imprécision actuelle tient aussi et surtout à l’impossibilité de lire le CVR. L’enregistreur est pourtant arrivé, certes « assez endommagé », mais en état de marche. Les bandes magnétiques ont pu être extraites mais elles se sont révélées inutilisables « en raison d’un dysfonctionnement de l’appareil », explique Rémi Jouty. Les bandes ont été confiées à des experts qui tentent néanmoins de les lire. En cas d’échec, il faudra récupérer des enregistrements auprès des contrôleurs aériens et des autres appareils croisant alors dans le secteur pour reconstituer partiellement les conversations de l’équipage.

En attendant, Rémi Jouty se garde bien de tirer la moindre conclusion : « Nous évitons d’avoir des hypothèses. » La piste d’un accident lié aux conditions météo, officieusement privilégiée, semble cependant renforcée. Le BEA exclut en effet que l’avion se soit désintégré en vol. Mercredi, les gendarmes chargés des investigations au sol assuraient, eux aussi, que l’avion s’était écrasé « intact ». Et les analyses préliminaires des débris ramassés sur les lieux du crash n’ont rien montré de suspect.

Tanguy Berthemet - lefigaro.fr - 7 août 2014

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