Procès Xynthia. Les attributions ambigues de Françoise Babin

L’une des parties civiles a mis en cause le rôle de l’ex première adjointe, agent immobilier et présidente de la commission d’urbanisme.

Le témoignage d’Évelyne Deregnaucourt, une des parties civiles du procès Xynthia, a mis en lumière l’ambiguïté des attributions de Françoise Babin, assise sur le banc des prévenus.

Première adjointe de La Faute-sur-Mer au moment du drame, elle était également professionnelle de l’immobilier et présidait la commission d’urbanisme de la commune. Une association de compétences que certaines victimes de la tempête ont bien du mal à accepter. C’est le cas d’Évelyne Deregnaucourt. Elle-même est agent immobilier, à La Roche-sur-Yon. Autant dire qu’elle connaît les formalités qui encadrent les règles d’urbanisme au sein d’une municipalité.

« On m’a considérée comme une pestiférée »

Évelyne et son mari sont propriétaire d’une résidence secondaire à La Faute. En 1996, lorsqu’elle apprend que certains terrains, proches de son domicile, allaient accueillir un lotissement, elle s’intéresse de plus près à l’affaire. "Parce qu’avec ce nouveau lotissement, une route allait déboucher sur notre quartier où les enfants jouaient tranquillement".

En apprenant que ces terrains sont vendus par l’intermédiaire de Françoise Babin, son sang ne fait qu’un tour. D’autant qu’elle met le doigt sur un vice de procédure. « J’ai attaqué Mme Babin au tribunal administratif, car elle était présente, en tant qu’élue, au vote qui permettait de lotir sur un de ses terrains », explique-t-elle à la barre. Suite à cette plainte, le conseil municipal est contraint de remettre la délibération au vote, quelques mois plus tard.

Cette fois-ci, la conseillère municipale sort de la salle. Mais pour Évelyne Deregnaucourt, le ver est dans la pomme. « Dès lors, on m’a considérée comme une pestiférée », déclare-t-elle à la barre. « Comme en plus je m’étais présentée au conseil municipal quelques années avant… »

« On nous a traités comme des chiens »

Ce ressentiment, estime Évelyne Deregnaucourt, s’est amplifié après le drame. Elle-même a perdu sa maison au cours de cette nuit de février 2010. Elle s’implique dans l’aide aux victimes et rejoint l’Avif. « On voulait tenir un stand sur le marché pour faire passer des informations. Mais le garde champêtre nous a demandé de partir ». Entre larmes et colère, la sexagénaire ne retient plus ses mots. « On nous a traités comme des chiens. On n’avait pas le droit de dire que l’on était sinistré. On nous cachait ».

Avant d’inviter Évelyne Deregaucourt à rejoindre sa place, l’un des assesseurs pose une question à cette professionnelle de l’immobilier. « Être agent immobilier et président de la commission d’urbanisme de sa commune, est-ce un avantage ? » Après un silence éloquent, la dame laisse s’échapper un très long soupir. « Ce sera ma réponse ».

L’avocat de François Babin, en indiquant à la cour que sa cliente s’expliquera volontiers sur les commentaires dont elle a fait l’objet, rappelle néanmoins qu’elle a fait l’objet d’un non-lieu sur le chef l’inculpation de prise illégale d’intérêt.

ouest-france.fr - le 19.09.2014


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