Cinq jours après la tempête Xynthia qui a dévasté l’ouest de la France, l’heure est au recueillement, au premier bilan et au questionnement.
Drapeaux en berne, minute de silence, ce jeudi après-midi en la cathédrale de Luçon, la Vendée rend un hommage solennel à ses victimes : 29 morts au total dans le département. Le Premier ministre François Fillon était attendu sur place.

Lourd bilan humain

Le dernier bilan de la catastrophe fait état de 53 morts et 7 blessés graves. Pour l’heure, 72 personnes sont toujours portées disparues. Des centaines d’hommes sont encore mobilisés sur place.

En Vendée on dénombre 29 victimes. Les deux petites communes de la Faute-sur-Mer et de l’Aiguillon ont été les plus fortement touchées. Parmi les victimes, trois enfants de 2, 5 et 10 ans, ainsi que quinze personnes de plus 75 ans, selon la liste publiée par les autorités. Pour la plupart “des gens nés dans le coin”, a précisé le préfet du département.

Si le niveau de l’eau baisse, deux lotissements restent toujours difficiles d’accès dans ce secteur selon les pompiers. Les personnes toujours recherchées pourraient se trouver là-bas.

En Charente-Maritime, où l’on déplore 12 victimes, la tempête a aussi emporté deux enfants de 6 et 10 ans et au moins cinq retraités. Dans le département, les services de secours ont effectué plus de 12.500 interventions, soit le tiers de leur activité annuelle en cinq jours. 4000 interventions seraient programmées pour les jours prochains.

Pour l’heure, en Europe, la tempête a fait au total 63 morts touchant l’Allemagne, l’Espagne, la Belgique et le Portugal.

Dégâts matériels : plus d’ un milliard d’euros

Mercredi soir, quatre mille foyers restaient toujours privés d’électricité. Les dégâts matériels sont estimés par les assureurs à au moins un milliard d’euros. En Vendée 12.000 ha de terres agricoles ont été noyées sous l’eau salée rendant impropre à la culture et 40.000 en Charente-Maritime, selon les premières estimations.

Lors d’une visite sur place, le ministre de l’Agriculture, Bruno LeMaire a annoncé le déblocage de vingt millions d’euros d’aide aux ostréiculteurs avec une aide d’urgence de 1,5 million d’euros. Il a en outre promis une enveloppe d’urgence de cinq millions pour permettre aux agriculteurs de faire face à leurs besoins immédiats en trésorerie.

La ligne ferroviaire La Rochelle-Rochefort, gravement endommagée, restera fermée pour un mois, a annoncé mercredi la SNCF.

Après le recueillement, le temps des questions

Après le terrible bilan, un vent de polémique souffle désormais. Si la corrélation vent violent et fort coefficient de marée n’est pas contestée, des questions se posent sur l’état des digues, la non-évacuation des zones ou encore la construction galopante d’habitations en zones inondables.

Jeudi matin, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a répété qu’après "le temps de la mobilisation et de la solidarité" viendrait "celui des leçons à tirer", notamment en matière d’urbanisation des zones inondables.

Un rapport qui dérange

Pointé du doigt notamment, un rapport de la de la DDE de la Vendée présenté lors des Xes Journées nationales Génie Côtier - Génie Civil en octobre 2008 qui s’interrogeait sur la sécurité des deux communes vendéennes de L’Aiguillon et de La Faute-sur-Mer.

Un rapport qui met en exergue la vulnérabilité du littoral vendéen aux submersions marines et des digues insuffisamment solides avec "risques de dégâts majeurs aux biens et aux personnes" en cas de rupture.

Qaunt à l’état des digues, leur construction pourrait remonter au début du XIXe siècle. À la question de leur ancienneté s’ajoute désormais celle de leur entretien par les autorités publiques.

Metro