Crash du Laos : les familles des victimes françaises assignent la compagnie Lao Airlines

Exaspérées par le manque de réponse concernant les causes de l’accident, les familles des sept français morts il y a un an au Laos assignent la compagnie laotienne, son courtier en assurances et le constructeur de l’avion.

Il y a tout juste un an, le 16 octobre 2013, le vol QV 301 de la compagnie laotienne Lao Airlines qui reliait Vientiane, la capitale du Laos à la ville de Paksé s’écrasait dans le fleuve Mékong alors qu’il s’apprêtait à atterrir. L’accident avait causé la mort de 44 passagers et de cinq membres d’équipage. Sept français figuraient parmi les victimes. Il s’agissait d’un groupe d’amis retraités âgés de 56 à 66 ans qui était parti pour un long voyage en Asie : trois couples et une femme, tous originaires de la région parisienne. Les deux boîtes noires avaient pu être récupérées un peu plus de deux semaines après le crash. L’avion était un ATR 72-600 .

Aujourd’hui, les familles des victimes françaises déplorent que les causes et les circonstances de la survenue du drame soient toujours inexpliquées. C’est pourquoi elles ont décidé d’assigner devant le tribunal de grande instance de Toulouse la compagnie, son courtier en assurances londonien Willis Limited ainsi que le constructeur de l’appareil, ATR.

Pas de réunion d’information de la part de la compagnie

Selon nos informations, jusqu’à présent, Lao Airlines a proposé aux familles une indemnisation à hauteur de 80.000 euros par passager décédé. Une somme dérisoire en comparaison de ce qui est généralement pratiqué. Exemple avec le crash du vol GE222 de la compagnie taïwanaise TransAsia Airways (58 personnes à bord) qui s’est écrasé le 23 juillet dernier sur une île de l’archipel touristique de Penghu, au large de la côte occidentale de Taïwan. Deux victimes françaises, des étudiantes en médecine, figuraient parmi les victimes. La compagnie a offert aux familles 14,9 millions de dollars taïwonais, soit 380 000 euros par passager décédé.

Les proches du vol de la Lao Airlines déplorent par ailleurs que la compagnie n’ai même pas organisé, comme il est généralement d’usage dans ce genre de situation, une réunion avec les familles pour leur rendre compte des causes de l’acccident. Lao Airlines s’était engagée à la tenue d’une réunion d’explication des causes du crash courant avril 2014 à Paris, mais elle l’a finalement reportée puis annulée sans jamais en re-programmer une nouvelle. Elle n’a pas non plus proposé de prise en charge des frais de déplacements aux familles désirant se rendre sur place.

Le voyage sur place depuis la France n’est pas pris en charge pour les familles

Le vendredi 26 septembre dernier dans l’après-midi, les familles ont reçu un courrier électronique du ministère des affaires étrangères français les informant que l’ambassade à Vientiane avait reçu, le même jour, une invitation officielle de la part de Lao Airlines à la commémoration du premier anniversaire du crash. Le fonctionnaire du quai d’Orsay prend ses distances avec l’invitation de la compagnie : « le déroulé succint qui nous a été communiqué est le suivant : 2 octobre, départ de Vientiane pour Paksé par Lao Airlines, le 3 octobre à 6 heures du matin : départ sur les lieux de l’accident pour la cérémonie religieuse, le 3 octobre : retour à Vientiane ». Et le fonctionnaire français de noter : « La compagnie aérienne laotienne prendra à sa charge le vol Vientiane-Paksé (1 heure 15 de vol, NDLR) pour toutes les familles. Par contre, votre billet aller-retour depuis votre aéroport de départ en France jusqu’à Vientiaine ainsi que vos frais d’hébergement demeurent à votre charge ». Clou de l’« invitation », la réponse devait être donnée au plus tard le lundi 29 septembre en fin d’après-midi.

« Il est très choquant que les familles de victimes n’aient reçu aucune information sur les causes du crash. Il est surprenant qu’aucune instruction judiciaire n’ai encore été ouverte en France, un an après les faits alors que sept ressortissants sont décédés dans la catastrophe. Cette situation est d’autant plus incompréhensible que dans d’autres affaires de crash aériens plus médiatiques, des juges d’instruction sont saisis en quelques jours », font observer les avocats des familles francaises, Bertrand Courtois et Sébastien Busy.

lefigaro.fr - Anne Jouan - le 16.10.2014


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