Attentat de la rue Copernic : Hassan Diab mis en examen

A 61 ans, Hassan Diab n’a plus guère de ressemblance avec le portrait-robot du poseur de bombe à moustache qui aurait perpétré le 3 octobre 1980 l’attentat près de la synagogue de la rue Copernic, à Paris, faisant quatre morts et de nombreux blessés. Le Canadien d’origine libanaise, soupçonné par la justice française d’avoir confectionné et posé la bombe, a le sérieux de l’universitaire qu’il était à Ottawa jusqu’à son arrestation le 13 novembre 2008. Deux juges parisiens avaient alors émis un mandat d’arrêt international. Les charges reposaient sur un portrait-robot et une analyse graphologique comparant l’écriture du suspect à celle d’Hassan Diab.

Il aura fallu attendre six ans pour que la demande d’extradition de la France soit satisfaite. Samedi 15 novembre, Hassan Diab est arrivé à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, après avoir été remis la veille aux autorités françaises à Montréal. Pris en charge par les policiers, le Libano-Canadien devait être immédiatement transporté au palais de justice de Paris pour y être présenté à un juge antiterroriste afin que lui soient notifiées les charges pesant contre lui.

Il a été mis en examen en début d’après-midi et placé en détention provisoire, notamment pour « assassinats », a annoncé son avocat, Me Stéphane Bonifassi. Un magistrat spécialisé doit se prononcer dans la journée sur son éventuel placement en détention provisoire.

PROFESSEUR DE SOCIOLOGIE

L’homme d’allure frêle, qui menait jusqu’en 2008 une vie tranquille dans la banlieue d’Ottawa, passionné de cuisine et enseignant la sociologie à temps partiel à l’université Carlton, n’a eu de cesse depuis de clamer son innocence. Il a reçu le soutien d’un comité de défense, Justice for Hassan Diab.
Rassemblement du comité de soutien à Hassan Diab devant la Cour suprême du Canada, jeudi 13 novembre.

Le professeur de sociologie est soupçonné par les enquêteurs français d’avoir appartenu au groupe terroriste Front populaire de libération de la Palestine-opérations spéciales (FPLP-OS), d’avoir utilisé en France un faux passeport chypriote au nom d’Alexander Panadryu, notamment pour signer une fiche d’hôtel et acheter la moto qui aurait permis de transporter la bombe. Lui-même se dit victime d’une homonymie, son nom étant très commun au Liban, et affirme qu’il était à Beyrouth et non à Paris le soir de l’attentat. « Je n’ai jamais appartenu à aucune organisation palestinienne, ni milité politiquement », a-t-il déjà déclaré.

Contestant la procédure d’extradition après son arrestation en 2008, M. Diab avait recouvré la liberté en mars 2009, tout en étant placé sous contrôle judiciaire avec bracelet électronique. En juin 2011, un tribunal avait finalement autorisé son extradition, mais M. Diab avait fait appel de l’ordre d’extradition signé par le ministre canadien de la justice en avril 2012. Débouté en mai, il a épuisé tous les recours judiciaires possibles au Canada, y compris devant la Cour suprême, qui a refusé de se saisir de son dossier le 12 novembre.

« CAUCHEMAR KAFKAÏEN »

« C’est un jour très triste pour moi, ma famille, mes défenseurs, et pour l’état dans lequel se trouvent les lois canadiennes en matière d’extradition », a réagi Hassan Diab, peu après la décision de la Cour suprême canadienne, dans une lettre lue par son avocat. « Je vis dans un cauchemar kafkaïen depuis plus de six ans, luttant contre de fausses allégations contre moi, endurant la détention, des conditions sévères de remise en liberté, la perte de mon emploi et un immense stress pour ma famille. Je n’abandonnerai jamais et je garderai l’espoir de revenir à ma maison au Canada et d’être réuni avec ma femme et mes enfants », ajoutait-il dans un communiqué.

On sait peu de choses sur l’homme, hormis qu’il est né au Liban de parents palestiniens et qu’il est parti poursuivre des études aux Etats-Unis, en compagnie de sa première femme. Il a obtenu un diplôme de sociologie à l’université de Syracuse avant d’émigrer en 1987 au Canada. Il a alors acquis la nationalité canadienne tout en gardant celle du Liban. Il aurait aussi séjourné au Koweït, aux Emirats arabes unis et au Royaume-Uni, selon certains journaux. En 1997, Rania Tfaily, l’une de ses élèves devenue depuis professeur d’université, devient sa compagne. Ils se marient plus tard selon la tradition musulmane. Ensemble, ils ont eu une fille, qui a aujourd’hui 2 ans, et sa femme, qui n’a jamais cessé de le soutenir, attend un deuxième enfant.

lemonde.fr - Anne Pelouas - le 15.11.2014


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