Le commandant du Costa Concordia donne sa version du naufrage

Francesco Schettino maintient qu’on ne lui a « rien dit » et qu’il était persuadé que tout allait bien. L’ancien commandant du Costa-Concordia a raconté minute par minute, mardi 2 décembre, au procureur, le déroulement des événements survenus avant que le paquebot ne percute un rocher, s’éventre et sombre, sur une côte italienne, faisant 32 morts, le 13 janvier 2012.

Pour la première fois lors de ce procès ouvert en juillet 2013, les enregistrements effectués sur la passerelle ont été diffusés, et confrontés au témoignage du commandant.

FAIRE PLAISIR À DES MEMBRES DE L’ÉQUIPAGE

Ce soir-là, il avait bien été décidé de raser l’île de Giglio, au large de la Toscane, pour, a-t-il raconté, faire plaisir à des membres de l’équipage originaire de l’île. Vers 21 h 30, Francesco Schettino remonte du restaurant pour assister à la manœuvre dont il ne prend d’abord pas le commandement.

Dès son arrivée, il ordonne que le pilote automatique soit désactivé. Il parle au téléphone avec un commandant de Costa originaire de l’île, lui demandant en passant s’« il y a de l’eau » à moins de 0,3 mille des côtes. Pour le procureur, c’est la preuve qu’il comptait bien se rapprocher au plus près de l’île, alors que la route définie restait à 0,5 mille. « J’ai dit ça, comme ça, pour faire la conversation », s’est défendu l’ex-capitaine, qui a alors pris le commandement de façon formelle.

« J’ai regardé le radar de manière fugace », a-t-il assuré. Pour lui, il n’y a alors aucun doute, le paquebot est sur la route qui a été tracée, décidée et acceptée par tout l’équipage. « Si à ce moment-là ils avaient un doute, ils devaient me le dire », a-t-il expliqué, soulignant que les autres officiers de quart étaient devant les mêmes écrans radars que lui.
Pourtant, le bateau était clairement hors de sa route, assure le procureur.

S’il avait « quatre minutes de retard » sur la manœuvre indispensable de virement vers tribord, qui devait lui éviter de percuter l’île, l’ex-commandant assure qu’il n’en savait alors rien.

« MADONNA, QU’EST-CE QUE J’AI FABRIQUÉ ! »

« Mais le radar, vous l’avez à nouveau regardé ? », a interrogé à plusieurs reprises le procureur. Oui, mais « sommairement », reconnaît le commandant. Pourquoi s’inquiéter, « puisque j’étais sûr d’appliquer le plan de route qui avait été décidé. C’est ça la vérité ! », s’est-il défendu, pressé de questions.

Apercevant les feux d’entrée du port de Giglio avec ses jumelles, il ordonne plusieurs fois de modifier légèrement le cap, affirmant en anglais « otherwise, we go on the rocks » (« sinon on va sur les cailloux »), selon l’enregistrement. Ce qui ne l’empêche pas de s’approcher alors du bastingage pour scruter la mer. Il aperçoit de l’écume, signe de la présence d’un rocher. Même si personne autour de lui ne signale de danger, il décide une « manœuvre d’évitement ». Malgré tout, à 21 h 45 c’est l’impact. « Madonna, qu’est-ce que j’ai fabriqué ! », s’écrie alors le capitaine.

Le procureur a ensuite tenté de démontrer que Schettino avait perdu de précieuses minutes avant de déclencher un plan d’évacuation, alors même que le navire avait déjà deux compartiments noyés et qu’il était prêt de perdre toute flottaison. L’ex-capitaine s’en est fermement défendu, assurant avoir donné l’ordre au moment opportun. Son audience reprendra mercredi matin.

lemonde.fr avec AFP - le 3.12.2014


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