CENTRAFRIQUE : Ce que l’on sait de l’enlèvement d’une humanitaire française

Deux personnes, dont une Française de 67 ans en mission humanitaire à Bangui en Centrafrique, ont été enlevées lundi 19 janvier par des miliciens chrétiens anti-balaka mécontents de l’arrestation d’un de leurs chefs.

L’humanitaire française et l’employé centrafricain enlevé en même temps qu’elle circulaient à bord d’un 4x4, qui transportait des médicaments, lorsqu’ils ont été braqués par un groupe de quatre hommes armés de Kalachnikov lundi matin vers 8h locales (9h heure de Paris) à Bangui.

Nous étions trois à bord de notre véhicule en provenance de Damara [à 70 km au nord de Bangui] où nous étions en mission. Nous avons été arrêtés par un groupe de quatre [miliciens chrétiens] anti-balaka armés de Kalachnikov sortis devant nous sur la route en pleine ville", a raconté Frère Elkana Ndawatcha, un religieux qui conduisait le véhicule.

"Moi, j’ai été relâché après être dépouillé de tout ce que j’avais sur moi dont mon téléphone portable, mes documents bancaires et de l’argent. L’un des ravisseurs a pris ma place au volant pour partir avec le véhicule et mes deux collègues en profondeur du quartier Boy-Rabe", quartier du nord-est de Bangui où les anti-balaka sont puissants, a poursuivi le religieux.

La Française de 67 ans, Claudia, effectuait en République centrafricaine une mission humanitaire, financée par l’ONG médicale catholique CODIS (Coordination Diocésaine de la Santé) qui apporte son soutien à des villages de RCA en matière de santé et d’éducation.

Elle était accompagnée de deux "’frères spiritains’ membres de la Congrégation du Saint-Esprit, des missionnaires très actifs en Afrique", a rapporté à Reuters une porte-parole de l’association. L’un des deux religieux a été libéré par les ravisseurs.

L’enlèvement a été perpétré par des miliciens chrétiens anti-balaka, mécontents de l’arrestation d’un de leurs chefs, Rodrigue Ngaïbona "général Andjilo", samedi par les casques bleus de la Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations unies en République centrafricaine (Minusca), selon RTL.

Le "général Andjilo" est soupçonné d’avoir été un des meneurs des massacres de musulmans en décembre 2013.

Les miliciens ont manifesté leur mécontentement dans le quartier de Boy-Rabe dimanche et lundi.

Il y a en ce moment une vive tension à Boy-Rabe. Une personne a même été tuée cette nuit [de dimanche à lundi] par balles. Par ailleurs, de nombreux tirs d’armes automatiques ont été entendus toute la nuit et ce matin encore", a déclaré une source policière.

D’autres tentatives d’enlèvement ont eu lieu dimanche, selon des témoignages concordants.

Il s’agit du premier enlèvement d’un ressortissant français dans le pays depuis le début de la crise en 2013, lorsque la force française Sangaris est intervenue pour mettre fin aux massacres de masse et à ramener le calme en Centrafrique, pays déchiré par les affrontements entre anciens rebelles musulmans et milices chrétiennes (anti-Balaka).

Dans un communiqué, le Quai d’Orsay a appelé à "libérer au plus tôt" la femme enlevée, soulignant que "la France déplore cet acte contraire au droit humanitaire".

Le ministère français des Affaires étrangères a ajouté que l’ambassade de France à Bangui "est en contact permanent avec l’archevêché de la capitale centrafricaine qui a entamé des discussions avec les ravisseurs".

Source : tempsreel.nouvelobs.com
Date : 20 janvier 2015


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