Ce que l’on sait de l’agression de trois militaires à Nice

Trois militaires ont été agressés à l’arme blanche mardi 3 février dans le centre de Nice, alors qu’ils étaient en faction devant un centre communautaire juif dans le cadre du plan Vigipirate. L’auteur de cette attaque a été interpellé et le parquet antiterroriste s’est saisi de l’enquête.

Que s’est-il passé devant le centre communautaire ?

Les trois soldats étaient en faction devant l’immeuble abritant le centre administratif du consistoire israélite de Nice, Radio Shalom et une association juive, situé à côté de la place Masséna, en plein centre ville. Selon une source policière, « un peu après 14 heures [...] un individu qui passait sur le trottoir a alors agressé violemment avec un grand couteau l’un des soldats, visant son visage ou son cou ».
Les deux autres militaires se sont précipités pour aider leur camarade et maîtriser l’agresseur. L’un d’entre eux a été blessé au bras, avant que l’homme soit interpellé par les forces de police arrivées en renfort. L’assaillant avait deux couteaux sur lui, mais n’en a utilisé apparemment qu’un seul, a précisé le premier adjoint de Christian Estrosi à la mairie de Nice, Philippe Pradal.

Le suspect avait été entendu par la DGSI

Selon les informations du Monde, Moussa Coulibaly, d’origine malienne et âgé de 30 ans, avait été repéré mi-décembre par le service du renseignement territorial (SDRT). Connu pour des faits de petite délinquance, il avait récemment montré des signes de prosélytisme agressif.
Après avoir tenté, sans succès, de se rendre en Turquie à la fin du mois de janvier, le jeune homme a été l’objet d’un entretien administratif auprès de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Ce dernier n’a pas permis de recueillir suffisamment d’informations justifiant l’ouverture d’une enquête.
« Aucun signe de passage à l’acte n’était détecté et la surveillance de son environnement se poursuivait », a expliqué dans la soirée de mardi le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve. Son domicile, dans le quartier du Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie (Yvelines), a été perquisitionné.

La piste d’un éventuel complice

« Une deuxième personne a été interpellée et des vérifications sont en cours », a indiqué, dans l’après-midi, une source policière. Peu de temps avant l’agression des trois militaires, Moussa Coulibaly avait été contrôlé sans ticket dans le tramway de Nice, en compagnie d’un autre homme. L’individu l’accompagnant n’a cependant pas été aperçu lors de l’attaque.

Renforcement des mesures de sécurité

De source policière, les mesures de sécurité seront accrues sur tous les lieux sensibles à Nice suite à l’agression. Quelque 10 500 militaires ont déjà été déployés, dont 5 800 en Ile-de-France, sur ces sites – les lieux de culte juifs et musulmans, devant des établissements scolaires ou les entreprises de presse – dans le cadre du plan Vigipirate, renforcé après les attentats commis en début d’année en région parisienne.

Peur de la communauté juive, condamnation politique

Maurice Niddam, président du consistoire israélite de Nice, a fait part au Monde de son indignation et de sa colère : « Nous ne sommes pas naïfs. Nous savons bien que c’est le centre communautaire juif que ces barbares visaient. On pensait plutôt être à l’abri mais ces agresseurs ont bravé tout cela. Ils ont attaqués des militaires dont je salue le courage. Je leur rends hommage ainsi qu’à toutes les forces de sécurité qui nous protègent. »
« Pourquoi un homme au passé judiciaire chargé, qui s’est rendu dans une région sensible, connue pour ses foyers terroristes, a pu rentrer en France et être libre de tout mouvement ?, s’est interrogé Eric Ciotti, député UMP et président du Conseil général des Alpes-Maritimes. Pourquoi n’a-t-il pas été surveillé dans sa préparation à cette agression, alors même que le risque terroriste nécessite une vigilance maximale ? »
De son côté, le président François Hollande a fermement condamné dans la soirée cet « acte criminel » et a promis que « toute la lumière sera faite » sur celui-ci.

Les ministres de la défense, Jean-Yves Le Drian, et de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, se sont rendus à Nice dans la soirée de mardi. Ils ont apporté leur soutien aux militaires à la caserne où résident les trois soldats attaqués. M. Le Drian a loué le « sang-froid » de ces derniers, « qui ont su réagir, mais ne pas surréagir, face à cette vraie tentative d’assassinat ».
De son côté, son homologue de la Place Beauvau a estimé : « Nous sommes face à un phénomène nouveau, le terrorisme en libre-accès. Cela implique la mobilisation de moyens exceptionnels. »

lemonde.fr avec AFP - le 03/02/2015


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