AF 447 : la maintenance des sondes mise en cause

Alors que la recherche des boîtes noires se poursuit en mer, l’enquête judiciaire confirme que les sondes de vitesse ont contribué au crash mais met aussi en cause leur maintenance.

Les sondes Pitot restent au coeur de l’enquête. Un rapport préliminaire d’experts sur le crash de l’A330 du vol AF447 Rio-Paris « pointe de possibles problèmes de maintenance sur les sondes de vitesse » sans en faire la cause de l’accident, écrit samedi Libération qui a pu consulter le document.

En décembre, le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) avait déjà pointé du doigt les sondes de vitesse fabriquées par Thales et dont le remplacement a depuis été exigé par l’Agence européenne de sécurité aérienne. Parallèlement avait été ordonnée une enquête judiciaire. Le rapport préliminaire des cinq experts judiciaires que s’est procuré le journal confirme que le givrage des sondes mesurant la vitesse de l’avion est un « élément contributif » du crash, mais sans qu’il soit possible pour l’instant d’identifier « avec précision les faits qui ont conduit à l’accident ».

« L’indépendance des experts pose problème »

Fait nouveau, les experts mettent aussi en avant le « temps (heures de vol et/ou durée calendaire) écoulé depuis le dernier entretien des sondes », autrement dit la maintenance de ces pièces. Les autorités françaises, indique Libération, imposent l’entretien des sondes tous les 21 mois alors que le Canada, suite à des incidents de givrage sur des avions Bombardier, a décidé en 2008 de réduire ce délai à 600 heures de vol, soit environ quatre mois. Les experts ne croient pas toutefois que les sondes et la météo soient les seules causes de l’accident, qui s’était produit en pleine nuit. « La recherche d’autres éléments probants est nécessaire », concluent-ils. Le rapport définitif des experts judiciaires devrait être remis en décembre.

Pour Me Alain Jakubowicz, membre du collectif d’avocats représentant les familles, « ce nouveau rapport d’experts n’apporte pas grand chose de nouveau ». Il met en cause l’indépendance des experts : « Les juges ont fait appel a des experts dont l’indépendance pose problème. Un expert est un ancien pilote d’Air France, un autre est un salarié de la DGAC (Direction générale de l’Aviation civile, ndlr). Si on va du côté du Bureau d’Enquêtes et d’Analyses, c’est encore pire : il n’est pas indépendant et ne relève pas de l’autorité judiciaire », a fait valoir l’avocat.

« Air France a respecté les procédures »

Interrogé sur Europe 1, Pierre-Henri Gourgeon, directeur général d’Air France, a dit ne pas avoir connaissance de ce rapport préliminaire mais a assuré que sa compagnie avait respecté toutes les procédures d’inspection et de nettoyage. Il a ajouté qu’il ne lui appartenait pas de dire s’il fallait changer ces règles, puisque « c’est le rôle des autorités et des constructeurs ».

Seule l’analyse des enregistrements contenus dans les boîtes noires de l’avion permettrait de savoir si une erreur de pilotage peut aussi être en cause mais celles-ci reposent toujours au fond de l’océan. Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat chargé des Transports a demandé au BEA, responsable des recherches au large du Brésil, de poursuivre ses recherches avec le concours d’Air France et d’Airbus. Le BEA a prévu un nouveau point le 4 mai, après évaluation de la situation.

LeFigaro.fr


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