1999 : 12 personnes périssent dans une avalanche

Après le passage de la tempête Xynthia, l’heure est à la prévention d’une nouvelle catastrophe dans les départements concernés. Pendant deux semaines, La Croix revient sur de précédents drames en France et sur ce qui a été fait depuis lors. (8/11)
Début 1999, il tombe une neige incessante sur Chamonix (Haute-Savoie). En quinze jours, 3,70 m de neige s’accumulent au fond de la vallée, poussant au paroxysme le risque d’avalanche. Le drame, la « crue avalancheuse », se produisit dans la nuit du 9 au 10 février : 300 000 m3 de neige dévalent un couloir d’avalanche, dévastant le hameau de Montroc. Quatorze chalets sont détruits, six endommagés, 20 personnes peuvent être dégagées mais 12 périssent dans la catastrophe.

« Le lendemain, les vacanciers devaient arriver. À un jour près, l’avalanche de Montroc aurait pu être un “Xynthia” de la montagne », s’émeut Jean-Claude Bourdais, père de l’une des victimes et créateur de l’Association pour l’information sur les risques d’avalanche et leur prévention (Airap). Pour l’association, la similitude entre les deux catastrophes est flagrante, par le caractère exceptionnel (risque pluricentennal), violent et instantané de l’événement qui enferme les victimes ignorantes du risque dans un piège mortel.

Considérer aussi les risques extrêmes à occurrence plus rare

Il faudra pourtant attendre le 26 mars 2010, soit peu après la tempête Xynthia, pour que soit adopté le nouveau plan de prévention du risque (PPR) avalanche de Chamonix, la commune la plus dangereuse de France avec ses 130 couloirs d’avalanche dont 117 qui peuvent directement conduire jusqu’au fond de la vallée (1). Pour l’Airap, une manche décisive vient d’être gagnée, onze ans après la catastrophe.

Pour autant, les controverses ne sont pas closes. Au cœur de la contestation : le concept d’aléa maximal vraisemblable (AMV) ou « zone jaune ». Dès octobre 2000, l’Inspection générale de l’environnement (IGE) préconise, dans son rapport de retour d’expérience de la catastrophe de Montroc, d’aller au-delà des seules zones à risque rouges et bleues fondées sur le risque centennal et qui imposent des contraintes pour assurer la sécurité des biens dans les PPR et les documents d’urbanisme.

L’IGE estime que, pour garantir la sécurité des personnes, il faut considérer aussi les risques extrêmes à occurrence plus rare, tel le risque tricentennal que prend en compte la réglementation suisse. Une préconisation qui sera reprise en 2003 par les services de l’État dans le guide méthodologique pour élaborer les PPR avalanche, mais qui se heurtera à la fronde des élus.

« mieux informé sur les termites que sur les avalanches »

L’Association nationale des élus de la montagne « exprime clairement son opposition ferme à la mise en œuvre de couloirs jaunes en matière de zones de risques (…), ainsi qu’à la prise en compte du risque tricentennal dans la cartographie des PPR », formulait sans ambiguïté le sénateur PS Marcel Rainaud dans une question écrite au gouvernement en 2007.

Une réunion interministérielle tenue en janvier 2010 finit par trancher : les zones jaunes figureront sur les cartes d’aléas intégrées dans les PPR. Reste encore deux différends à régler. Selon les expertises de l’Airap, le risque extrême (AMV) demeure sous-estimé dans 40 des 117 couloirs d’avalanche de Chamonix. De plus, ces zones jaunes n’ont pas vocation à imposer de contraintes d’urbanisme, mais à élaborer des plans de gestion de crise pour évacuer les personnes.

Encore faudrait-il que la culture du risque si souvent revendiquée soit mise en œuvre et que les propriétaires et locataires concernés soient avertis. « On est mieux informé sur les termites ou le plomb que sur les avalanches ou les inondations », déplore Jean-Claude Bourdais. Une nouvelle mission ministérielle doit se pencher sur ces questions dans les mois à venir.

MARIE VERDIER
La Croix

(1) La moitié des 600 communes de montagne exposées à un risque d’avalanche disposent d’un PPR.


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