Sabri Essid, le "demi-frère" de Merah, serait sur une vidéo de Daech

Les images sont d’une rare violence. Le groupe terroriste Etat Islamique a publié mardi une nouvelle vidéo d’exécution d’otage : un Arabe israélien, accusé d’espionnage pour le compte du Mossad, est abattu d’une balle dans le front avant que son corps ne soit criblé de balles. Sauf que cette fois, le bourreau est un enfant. Vêtu d’une longue tunique et d’un treillis, sa main ne tremble pas au moment de commettre ce meurtre. Sa voix non plus ne tremble pas : il crie "Allah Akbar" en s’acharnant sur le cadavre.

A ses côtés, un djihadiste s’exprimant en français évoque l’attaque de l’Hyper Cacher et menace de s’en prendre aux Israéliens et de conquérir Jérusalem. "Oh vous les juifs, dit-il, Allah nous a permis de tuer vos frères sur le sol français, et ici sur la terre de l’Etat islamique.(...) Les conquêtes islamiques viennent de commencer, les juifs tremblent car la promesse est proche."

L’homme qui s’exprime avec un fort accent toulousain serait loin d’être un inconnu des services de renseignement. Selon des sources proches du dossier, il s’agirait de Sabri Essid, un proche de Mohamed Merah, repéré dès 2002. Les autorités n’ont cependant pas confirmé son identité.

Les deux hommes, originaires du quartier des Izards à Toulouse, fréquentaient notamment le même groupe islamiste ultraradical : la cellule d’Artigat - du nom d’un petit village de l’Ariège - emmené par l’émir franco-syrien Olivier Correl. En 2010, les amis finissent même par appartenir à la même famille : le père de Sabri Essid, Mohamed, un Tunisien d’une soixantaine d’années, épouse religieusement Zoulika Merah. Ils se présentent alors comme "demi-frère". Ce sera d’ailleurs Sabri Essid qui organisera les funérailles de Mohamed Merah.

Des vérifications seraient également en cours pour savoir si l’enfant qui apparaît sur la vidéo est le beau-fils de Sabri Essid, issu de la première union de sa femme. Le djihadiste est parti en mars 2013 en Syrie avec son épouse et quatre enfants : son beau-fils de 12 ans, les jumelles du couple alors âgées d’une vingtaine de mois et le petit dernier, nouveau-né au moment du départ. Ils ont emprunté la même route que Souad Merah, dont il est resté proche après les attentats de Toulouse et Montauban - pour se rendre en Syrie. Un bus jusqu’à Barcelone, un vol pour Istanbul puis un second vol intérieur pour rallier la frontière turco-syrienne, détaillait en mai le JDD.

Comment Sabri Essid a pu faire fi aussi facilement des contrôles aux frontières ? L’homme avait déjà été arrêté fin 2006 par les Américains à la frontière irako-syrienne avec Thomas Barnouin, un Albigeois converti à l’Islam. Soupçonné d’être un des leaders de cette cellule surnommée Forsane Alizza, il écope de quatre ans de prison. Pendant ses années de détention à Fleury-Merogis, le seul dont il reçoit régulièrement des nouvelles est Mohamed Merah. D’abord par courrier lorsque ce dernier est également incarcéré pour un délit de droit commun, puis de visu lorsqu’il sort de prison, fin 2009. Sabri Essid est libéré en novembre 2010 et trouve un emploi de grutier.

Surveillé par la DGSI, il parvient malgré tout à rejoindre les rangs de Daech mi-avril 2014. Il s’agit, semble-t-il, de la première apparition de Sabri Essid dans une vidéo de propagande de Daech. La date a-t-elle été chosie au hasard ? Le 11 mars 2012, Mohamed Merah commettait son premier meurtre : il abattait de sang-froid Imad Ibn Ziaten sur le parking d’un supermarché. Le premier d’une longue série.

Source : lexpress.fr
Auteur : Caroline Politi
Date : 11 mars 2015


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