Deux ex-otages espagnols racontent leur détention dans le « Guantanamo » de Daech

Ils faisaient partie de la fameuse prison d’Alep qui a regroupé jusqu’à 23 détenus occidentaux. D’après leur récit, les djihadistes voulaient en faire leur « Guantanamo ».

Javier Espinosa, journaliste au quotidien madrilène El Mundo, et Marc Marginedas, journaliste au quotidien Il Periodico, tous deux ex-otages de Daech, qui avaient été libérés avec un troisième espagnol le photoreporter Ricardo Garcia, il y a un an en mars 2014 contre rançon, racontent dans leur journaux respectifs leurs séjours dans les geôles de Daech.

Javier Espinosa relate l’horreur de ses 194 jours de détention. Avec ses deux compagnons, il a été incarcéré dans la fameuse « usine à otages », une villa au nord d’Alep transformée en prison qui a regroupé en 2012 jusqu’à 23 otages occidentaux. L’objectif était d’en faire un « Guantanamo » pour Occidentaux, qui servirait à venger les horreurs perpétrées dans la prison américaine, fer de lance de la propagande djihadiste contre l’Occident. L’auteur cite le journaliste américain James Foley, son codétenu enlevé en novembre 2012 et exécuté en août 2014. « Ils avaient ce projet depuis longtemps, selon Foley. Le cheikh irakien (chef des gardiens) nous a expliqué dès le départ qu’ils voulaient interner des occidentaux dans une prison de haute sécurité, avec des caméras, de nombreux gardiens... Il nous a dit que nous allions y passer longtemps parce que nous étions les premiers qu’ils capturaient ».
D’anciens détenus issus de Guantanamo, ou de la prison d’Abou Ghraib, enfer carcéral de la police de Saddam Hussein, ont été identifiés dans les rangs djihadistes. Les fameux pyjamas orange de la prison américaine se retrouvent sur chacune des vidéos d’exécutions de Daech. Dans ce Guantanamo inversé, beaucoup de djihadistes occidentaux étaient utilisé comme geôliers pour leurs propres compatriotes. Ainsi le Français Medhi Nemmouche y a officié, comme l’avait révélé l’ex-otage français Nicolas Hénin.

Espinosa raconte des simulacres d’exécution de la part de trois gardiens encagoulés, surnommés les Beatles par les otages, et qu’il traite de psychopathes. Ils les ont notamment obligés à regarder les photos de l’exécution d’un otage russe, l’ingénieur Serguei Nicolayevitch Gorbounov, enlevé en octobre 2013 et assassiné en mars 2014, selon Espinosa. « Le cheikh lui a tiré une balle explosive dans la tête », s’est vanté un des gardiens. « Vous finirez peut être comme lui ! Ou bien nous vous obligerons à le déterrer et à creuser une nouvelle tombe pour vous envoyer dormir avec lui ». La Russie avait annoncé en octobre 2013 enquêter sur la disparition de Goudonov, qui dans une video diffusé sur YouTube, déclarait : « Si on ne m’échange pas d’ici à cinq jours, ils me tueront ».

S’ils ont attendu si longtemps pour parler, c’est que leurs bourreaux les avaient menacés d’exécuter leurs autres compagnons de cellule s’ils ne gardaient pas le silence. Mais aujourd’hui, huit ont été tués, et les autres ont été comme eux libérés. Tous sauf le photographe de presse John Cantlie, toujours détenu. L’EI a diffusé récemment une vidéo où il était en vie. Il sert de reporter plus ou moins consentant à la propagande de l’Etat islamique.

Source : lefigaro.fr
Date : 16 mars 2015


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