Attentats de Montauban et Toulouse : un troisième anniversaire dans la douleur

Toulouse rend hommage aujourd’hui aux victimes du terrorisme et de l’antisémitisme en présence de Bernard Cazeneuve, Najat Vallaud-Belkacem, Nicolas Sarkozy et Bernard Henri-Lévy. Un anniversaire qui survient deux mois après les attentats de Paris.

C’est à jamais une journée particulière. Le 19 mars 2012, le terroriste Mohamed Merah assassinait quatre personnes à l’école juive de Toulouse Ozar Hatorah (rebaptisée Ohr Torah) : Jonathan Sandler et ses enfants Gabriel et Arieh, âgés de 4 et 5 ans, ainsi que Myriam Monsonego, 8 ans. Quelques jours plus tôt, les 11 et 15 mars, il avait tué trois militaires, d’abord à Toulouse puis à Montauban : Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf et Mohamed Legouad. Sept victimes au total qui seront commémorées aujourd’hui à Toulouse en présence de nombreuses personnalités, dont les ministres Bernard Cazeneuve et Najat Vallaud-Belkacem, l’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy et le philosophe Bernard Henri-Lévy. Cette journée du souvenir, qui survient un peu plus de deux mois après les attentats de Paris, devrait revêtir cette année un caractère véritablement universel. C’est du moins l’attente de la communauté juive qui avait eu le sentiment, il y a trois ans, que la tragédie de Montauban et Toulouse avait été occultée par la campagne pour l’élection présidentielle : « Nous avions alors ressenti que ce n’étaient que trois militaires et quatre juifs, soupire un responsable de la communauté toulousaine. Aujourd’hui, après les attentats de Paris mais aussi ceux de Bruxelles et de Copenhague, les choses sont plus claires. Pour nous, ce troisième anniversaire est très difficile à vivre et en même temps, il ne faut pas baisser les bras ».

Les cérémonies se dérouleront en plusieurs temps. Ce matin, la communauté juive, le personnel et les élèves d’Ohr Torah se recueilleront à l’intérieur de l’école. À 18 heures, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, déposera une gerbe au pied du magnolia planté à la mémoire des victimes par le Président de la République le 19 mars 2013, square Charles de Gaulle. « Cette année, la lâcheté terroriste a une fois encore voulu prendre en otage notre pays, ébranlant le Vivre ensemble auquel notre peuple est très attaché. Toulouse et la France se sont mobilisées et se mobiliseront encore pour lutter contre tous les intégrismes, le racisme et l’antisémitisme » explique Jean-Luc Moudenc. à 18 h 30, les autorités religieuses seront réunies à la préfecture pour signer la Charte de la fraternité (lire par ailleurs).

Enfin, les personnalités assisteront à une soirée du souvenir, placée sous haute sécurité, qui se déroulera à partir de 20 h 30 à la Halle aux grains. Pour la présidente Midi-Pyrénées du conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Nicole Yardeni, « il s’agit de construire un récit politique commun qui mette en évidence la défense des valeurs démocratiques face à ceux qui veulent détruire la démocratie. C’est une manière de se garder de la guerre civile. Ce n’est pas un problème religieux ; c’est un problème politique ».

La soirée du souvenir se déroulera à partir de 20 h 30 à la Halle aux grains. Les portes seront ouvertes à partir de 19h30, une heure avant le début de la cérémonie.

Car pour participer à ce rendez-vous ouvert à tous, il faudra d’abord emprunter les portiques de détection, de métaux notamment, installés par sécurité à l’entrée de l’édifice. Bernard Cazeneuve et Najat Vallaud-Belkacem, l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, le philosophe Bernard Henri-Lévy et de nombreuses personnalités locales sont attendues. Cette soirée débutera par les mots d’accueil laïques prononcés par Nicole Yardeni au nom du Crif (le conseil représentatif des institutions juives de France), puis par ceux d’Arié Bensemhoun pour le consistoire. Un enfant allumera ensuite une grande bougie du souvenir qui englobera à elle seule les sept bougies allumées en 2014, en signe d’unité. En marge des prises de parole, des adolescents liront des textes inspirés du manifeste rédigé par l’avocat Erick Lebahr, qui avait croisé à deux reprises la route du terroriste. Une pianiste classique, Laurence Oldak, ponctuera les discours en interprétant du Scriabine, Rachmaninov et Paganini. Les parents et les proches de Jonathan Sandler, 31 ans et de ses deux enfants Gabriel et Arié 6 et 3 ans ainsi que Yaacov Monsonego don la fille Myriam est morte à l’âge de 8 ans sous les balles de Mohamed Merah ne seront pas présents. Mais les familles d’Imad ben Ziaten et d’Abel Chennouf, deux des trois militaires tués le 11 mars 2012 à Montauban, témoigneront de l’aveuglement d’une barbarie qui ne s’embarrasse ni de l’âge ni de la religion de ses victimes.

Source : ladepeche.fr
Auteur : Sébastien Marti
Date : 19 mars 2015


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