Crash de l’A320 : des téléphones portables retrouvés dans les décombres

Une nouvelle fuite dans l’enquête du crash de l’A320 crée la confusion. Une vidéo des derniers instants des passagers aurait été récupérée d’un téléphone portable, retrouvé sur les lieux de l’accident, et transmise par « une source proche de l’enquête » aux journaux Paris Match et Bild qui racontent son visionnage. Des affirmations immédiatement démenties par les gendarmes qui estiment qu’elles sont « complètement fausses », déclare le lieutenant-colonel Jean-Marc Menichini, un des gendarmes qui pilotent les recherches sur place.

Si des téléphones portables ont bien été retrouvés dans les décombres, parmi « plus de 4000 pièces » (morceaux de corps et débris d’avion), selon les enquêteurs, ils n’ont pas été « encore exploités », indique le gendarme. Selon le procureur de la République de Marseille, Brice Robin, ils n’ont même pas encore été envoyés au laboratoire chargé de les analyser. « Tous sont pour l’instant conservés à Seyne-les-Alpes », a-t-il précisé. Si des gens, sur le site, ont ramassé des téléphones portables, je n’en ai pas eu connaissance ». Les appareils devraient être expédiés à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale à Rosny-sous-Bois, près de Paris, a informé le lieutenant-colonel Menichini.

« À cette heure, nous n’avons pas encore reçu de réquisition, indique le colonel François Daoust, directeur de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). C’est le procureur de la République de Marseille qui doit décider s’il nous confie l’exploitation de ces portables ou bien à un organisme privé ». Ce service d’enquêtes dispose d’ingénieurs très expérimentés pour « faire parler » les données numériques. Dans un premier temps, des « spécialistes du traitement du signal » s’occuperaient de « sortir les données » des téléphones des victimes afin « de restaurer tout ce qui est abîmé », avant de les confier à l’expertise d’« ingénieurs du traitement », précise le colonel Daoust.

Un enregistrement « indubitablement authentique »

« Critiquer la diffusion de l’information serait vain et illusoire aujourd’hui avec la vitesse de la communication mais on ne peut pas pour autant accepter de tomber dans le sensationnalisme et le bidonnage », déplore Stéphane Gicquel, secrétaire général de la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (Fenvac).
Paris Match et Bild assurent n’avoir « aucun doute » sur la provenance de l’enregistrement, qui est « indubitablement authentique », selon eux. Ils relatent que les passagers de l’A320 étaient pleinement conscients que l’appareil allait s’écraser et qu’ils ont crié « Mon Dieu » en plusieurs langues avant le crash. « La scène est tellement chaotique qu’on ne distingue personne mais les cris des passagers révèlent qu’ils étaient parfaitement conscients de ce qui allait arriver, précise Paris Match.

Vers la fin, après une secousse plus forte, les cris s’intensifient. Puis plus rien ».
Sur le même enregistrement « on entend également, par trois fois au moins, des coups métalliques qui laissent penser que le pilote tente d’ouvrir la porte du cockpit au moyen d’un objet lourd », ajoute l’hebdomadaire français.

Pas improbable

Retrouver des téléphones portables ou leurs puces cellulaires au milieu de tant d’objets pulvérisés et sur un si large périmètre n’est pas improbable, s’accordent à dire les spécialistes des accidents aériens. Stéphane Gicquel se souvient que les enquêteurs en avaient retrouvé sur le lieu du crash d’un vol intérieur au Laos en 2013, plongés dans le Mékong, et qu’ils les avaient remis aux familles après enquête. « Il y avait même un rasoir électrique intact qui continuait de fonctionner », raconte-t-il.

La technologie pour exploiter le contenu d’un téléphone cellulaire est désormais très aboutie, même quand les terminaux sont éteints, verrouillés par code ou endommagés. Les services d’enquête, notamment la gendarmerie nationale, disposent par exemple des UFED (Universal Forensic Extraction Device), des boîtiers permettant d’extraire les données contenues au sein de presque tous les terminaux mobiles : téléphones, smartphone, GPS… L’extraction permet de décoder de multiples données comme les journaux d’appels, les contacts, les SMS, les MMS, les échanges par « chat », les positions géographiques, l’historique de navigation sur le Web, les images, les vidéos, le son, les fichiers texte et même les données supprimées. Il est également possible de pratiquer l’extraction et le décodage sur les connexions Wi-Fi et Bluetooth et sur le balisage de géolocalisation des photos.

Source : lefigaro.fr
Auteur : Delphine de Mallevoüe
Date : 1er avril 2015


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