Procès Forsane Alizza. L’islamiste nantais "ciblait" les Hyper Cacher

Mohamed Amchalane comparaît, ce lundi, à Paris, avec treize autres membres présumés de Forsane Alizza, le groupuscule démantelé en 2012 dont il était le fondateur.

Ils sont suspectés d’avoir préparé des attentats.

Auprès de ses affidés, Mohamed Achamlane s’était vanté d’être impliqué dans l’incendie de Charlie Hebdo, en 2011. Ou s’arrête la fanfaronnade, ou commence le passage à l’acte ? C’est toute la question que pose son (ex) groupuscule islamiste à la justice, depuis la mise en examen de ce Nantais de 37 ans et de treize autres de ces « Cavaliers de la fierté », dixit, pour association de malfaiteurs en vue de préparatifs terroristes.

Stock d’armes et fichier de « cibles »

Mohammed Achamlane, le fondateur de Forsane Alizza, a toujours protesté que son seul but était la lutte contre l’islamophobie, perpétrée notamment par « des groupuscules fascisants sur la Toile », ajoute son avocat, Me Béranger Tourné.

Mais dès octobre 2011, les services de renseignement doutaient des intentions pacifiques du mouvement et de son site Internet, considérant qu’on y pratiquait l’endoctrinement et la préparation au djihad.

Forsane Alizza avait tissé un maillage national là où il avait trouvé des « lieutenants ». Du côté de Lyon, Nice, Toulouse, dans le sud-est et à Paris. Pour s’organiser à l’abri des grandes oreilles, les membres échangeaient sur des tchats sécurisés. Mais Achamlane avait sauvegardé les échanges sur des disques durs.

Forsane Alizza s’était d’abord essayé à des happenings publics, notamment contre l’interdiction de porter le voile intégral. Mais en novembre 2011, virage : dans l’émission Enquête exclusive, certains membres décrétaient l’échec de l’Islam « bisounours », affirmant qu’Oussama Ben Laden était un combattant, pas un terroriste.

Plus tard, une vidéo diffusée sur le site saluait le djihad armé et glorifiait le cofondateur d’al-Qaida. En janvier 2012, le ministre de l’intérieur ordonnait la dissolution de Forsane Alizza. Le 18 mars, Mohamed Achamlane déclarait que « l’attaque de Toulouse (les assassinats de Mohamed Merah, NDLR) était une bénédiction d’Allah » ajoutant : « On va lui mettre des cicatrices à la France ». Le 28 mars, il était interpellé avec ses complices présumés.

Dans la région nantaise, les perquisitions étaient fructueuses. Un important stock d’armes était découvert chez lui et chez un autre prévenu. La plupart hors service, mais pas la totalité. Sur l’un des disques durs du leader, les enquêteurs exhumaient un fichier nommé « cibles », qui listait, entre autre commerces juifs, cinq Hyper Cacher. Pourtant, s’insurge Me Tourné, « il n’est pas démontré que des actes préparatoires à une action terroriste avaient été entrepris. On se contente de subodorer ».

Après les attentats du 7 janvier, Achamlane avait écrit au juge d’instruction pour lui assurer qu’il ne cautionnait pas ce genre d’action. C’est dans ce contexte ultra-sensible et post-Charlie, en effet, qu’il va devoir s’expliquer, dès aujourd’hui et pendant douze jours.

Source : ouest-france.fr
Date : 08 juin 2015


Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes