VOL RIO-PARIS : Un an après le drame, l’AF 447 conserve ses mystère

Dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2009, le vol Air France AF 447 disparaît entre Rio-de-Janeiro et Paris. A bord de l’Airbus A 330-200 F-GZCP tombé en mer, 216 passagers et 12 membres d’équipage périssent. Un an après le drame, l’enquête n’a guère progressé, faute d’éléments tangibles. Quelques débris flottants et certains corps ont été repêchés. Manquent l’essentiel de l’épave et surtout les enregistreurs de vol pour arriver à déterminer les causes de cette catastrophe aérienne. La vérité gît par 4.000 mètres de fond. Les hypothèses, parfois fantaisistes, sont plus nombreuses que les certitudes. Revue de détail, à l’occasion du premier anniversaire du drame.

LES CERTITUDES

- L’AF 447, cette nuit-là, volait au niveau 350 (à environ 11.500 mètres au-dessus de la mer) sur la route UN873, une des "airways" entre le Brésil et l’Europe. Il se trouvait entre les points de report INTOL et SALPU. Son dernier contact avec le centre de contrôle brésilien est à 1 h35.

- Un amas de puissants cumulonimbus a croisé la trajectoire du vol. La dernière position de l’avion - 2°58 800 N, 30° 35º400 W à 2h10 - le situe à 3,9 milles nautiques de sa route directe. Un faible écart.

- L’une des causes de la catastrophe : entre 2h10 et 2h15, les messages ACARS (transmissions automatiques de données au service de maintenance d’Air France) de l’AF 447 font état de défaillances des sondes Pitot de l’appareil, c’est-à-dire que l’équipage aurait été privé des automatismes de vol et pourrait ne plus avoir reçu d’informations sur la vitesse de l’avion.

- Environ un millier de débris de l’avion ont été retrouvés. Ceux-ci ont été ramenés en France et classés dans un hangar du Centre d’Essais Aéronautiques de Toulouse.

- Les masques à oxygène, restés dans leurs conteneurs, ne sont pas tombés automatiquement. Ce qui signifie qu’il n’y a pas eu de dépressurisation brutale.

- Les différents éléments recueillis - dont l’empennage vertical - montrent des déformations symétriques du bas vers le haut. Les experts en concluent que l’avion était probablement intact à l’impact et qu’il a heurté la surface de l’eau avec une assiette positive, une faible inclinaison et une vitesse verticale importante.

- Les cinquante personnes autopsiées n’étaient pas attachées, et notamment le commandant de bord qui n’était vraisemblablement pas dans le cockpit. Le moment du crash correspond sensiblement à sa période de repos pendant le vol, partagé entre trois pilotes.

LES PISTES NON CONFIRMÉES

A peu près tout et son contraire a été dit ou écrit sur l’accident du Rio-Paris. Les syndicats de pilotes, surtout ceux en mal de reconnaissance, certains communicants d’Air France, d’Airbus et de Thales s’agitent pour transformer des hypothèses en certitudes avec, à plus long terme, la perspective de convaincre la justice lors du procès qui se tiendra dans plusieurs années.

L’objectif d’Air France, par exemple, est de montrer qu’il y avait un défaut de conception ou de construction de l’avion tandis que celui d’Airbus vise à laisser entendre que les pilotes étaient mal formés ou l’avion mal entretenu. Dans cette partie de ping-pong, les familles de victimes, à la recherche de responsables pour faire leur deuil, sont ballotées entre ces différentes hypothèses. Elles sont parfois orientées, à tort ou à raison, par les cabinets d’avocats vers des pistes mieux-disantes financièrement... quitte à délocaliser à l’étranger l’action en justice.

Citons, parmi les affirmations sans lendemain, le fait que l’AF 447 se serait désintégré en vol, que la zone constituerait un "trou noir" dans l’Atlantique ou que l’appareil, avant de sombrer, aurait effectué un demi-tour... Certaines de ces rumeurs émanent de pilotes qui n’ont jamais pris les commandes d’un Airbus A 330, d’autres sont des courriers envoyés au tribunal de Bobigny pompeusement baptisés "rapports judiciaires".

A ce jour, un seul pré-rapport a été remis par les experts judiciaires dans le cadre de l’enquête menée par la justice, qui cherche à établir des responsabilités alors que le rapport technique réalisé par le BEA s’attache à améliorer la sécurité du transport aérien.

Le Point, par Thierry Vigoureux, le 30 mai 2010.


Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes