Un accident d’avion en Inde fait 158 morts

Huit rescapés ont été retrouvés après l’accident d’un Boeing d’Air India Express qui s’est écrasé samedi matin avant de prendre feu près de l’aéroport de Mangalore/Bajpe, dans le sud de l’Inde. Au total, 158 personnes ont été tuées dans la catastrophe aérienne la plus meurtrière en Inde depuis près de 14 ans, selon des responsables.

Le 737-800, qui tentait de se poser en provenance de Dubaï, est sorti de la piste d’atterrissage à l’aéroport de Bajpe, situé sur un plateau entouré de collines à une trentaine de kilomètres de Mangalore, avant d’aller s’écraser et de s’enflammer dans une zone boisée.

D’après Anup Srivastava d’Air India, l’avion transportait 160 passagers -tous de nationalité indienne- et six membres d’équipage. Vingt-trois enfants se trouvaient à bord. Le pilote britannique, qui comptait plus de 10.000 heures de vol dont 26 atterrissages à Mangalore, et son co-pilote indien (plus de 3.750 heures de vol, dont 66 atterrissages à Mangalore), sont morts, selon le gouvernement indien.

Huit occupants ont survécu et ont été transportés dans des hôpitaux des environs, a précisé la compagnie qui propose sous la bannière Air India Express des liaisons à bas prix avec Dubaï et d’autres villes du Moyen-Orient où des millions d’Indiens expatriés sont employés.

Samedi après-midi (heure locale), les secouristes avaient dégagé 146 corps des débris de l’appareil. Des proches des victimes pleuraient près de la carlingue calcinée, tandis que des dizaines de villageois participaient aux opérations de secours.

Sur les lieux du crash, difficiles à atteindre en raison de leur situation géographique, les sauveteurs ont découvert des corps calcinés au milieu d’un enchevêtrement de câbles, de pièces métalliques tordues, d’arbres carbonisés et de boue. Nombre des morts étaient encore attachés à leur siège, les brûlures rendant toute identification impossible.

"C’est une catastrophe majeure", a commenté le ministre de l’Intérieur de l’Etat du Karnataka, V.S. Acharya, sur la chaîne CNN-IBN.

Le Premier ministre Manmohan Singh a exprimé ses condoléances et promis des compensations financières aux familles des victimes. Le constructeur américain Boeing a annoncé l’envoi d’une équipe afin d’apporter une aide technique dans le cadre de l’enquête gouvernementale.

A l’aéroport international de Dubaï, une cellule spéciale a été mise en place pour assister les proches des passagers au terminal 2.

L’appareil a dépassé le bout de piste vers 6h (0h30 GMT, 2h30 à Paris) alors que les pluies des deux derniers jours avaient réduit la visibilité, selon des responsables.

La télévision a montré une épaisse fumée noire s’élevant de la carcasse du Boeing tandis que les secours se précipitaient pour dégager des passagers et tentaient d’éteindre les flammes. Un photographe de l’Associated Press a vu deux sauveteurs portant une petite fille d’environ sept ans, couverte de mousse carbonique. On ignore pour l’heure dans quel état se trouvait l’enfant.

Ummer Farook Mohammed, un rescapé brûlé au visage et aux mains, a fait état d’un bruit comparable à l’éclatement d’un pneu après l’atterrissage de l’appareil. "Il y a eu un claquement fort et l’avion a pris feu", a-t-il dit.

"L’avion a été secoué de vibrations et s’est cassé en deux", a raconté un autre survivant nommé Pradeep à CNN-IBN. Il a précisé que le premier contact de l’avion avec le sol avait semblé sans heurts, avant que les troubles ne commencent 15 secondes plus tard.

L’homme dit avoir sauté de l’appareil avec quatre autres personnes dans un fossé. Un autre survivant, Abdul Puttur, a expliqué sur CNN-IBN avoir sauté de l’avion puis tiré deux autres passagers.

Il s’agit de l’accident aérien le plus meurtrier en Inde depuis la collision entre un avion cargo kazakh et un appareil de ligne saoudien, qui avait fait 349 morts près de New Dehli en novembre 1996.

Des spécialistes ont estimé que la piste de l’aéroport de Bajpe située sur un plateau se terminant dans une vallée, rendait inévitable un accident en cas de sortie de piste.

Le ministre indien de l’Aviation civile Praful Patel a précisé que les conversations avec le poste de pilotage et d’autres éléments montraient que le vol se déroulait normalement avant que l’appareil ne touche le sol.

D’après lui, la piste d’atterrissage longue de 2.430m comprend à son extrémité un lit de sable visant à stopper ou ralentir un appareil qui dépasse le bout de piste. "Manifestement, l’avion allait à une vitesse plus élevée", a-t-il dit.

Plus de 32.000 atterrissages ont été effectués sur la piste depuis son ouverture en 2006, selon des responsables.

La catastrophe intervient à l’heure où Air India connaît de grandes difficultés financières. En février, le gouvernement indien a accordé 173 millions de dollars (137,6 millions d’euros) à la compagnie minée par des décennies de mauvaise gestion et de sous-investissement

Le Nouvel Observateur, par A.P., 22 mai 2010.


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