BHOPAL : des peines de deux ans de prison

BHOPAL, Inde — Sept anciens cadres de l’usine de pesticides Union Carbide à Bhopal ont été condamnés à deux ans de prison lundi, plus de 25 ans après la fuite toxique qui a fait environ 15.000 morts dans cette ville du centre de l’Inde. Ils ont été reconnus coupables de "négligence fatale" dans ce qui reste la pire catastrophe de l’histoire industrielle.

Le 3 décembre 1984, l’usine de pesticides de Union Carbide avait lâché environ 40 tonnes de gaz meurtrier dans l’atmosphère, tuant 4.000 personnes dans les premières heures. Mais le bilan a doublé au bout de quelques jours et encore presque doublé après quelques années, pour s’élever finalement à environ 15.000 morts, selon le gouvernement, presque le double, selon des militants locaux. Ces derniers affirment que le site, fermé après l’accident, n’a pas été nettoyé et reste dangereux pour les bidonvilles installés tout près.

Un tribunal indien a reconnu coupables sept anciens employés de haut rang de l’usine, dont la plupart sont septuagénaires, les condamnant à deux ans de prison et à une amende de 100.000 roupies chacun (1.771 euros). Ils ont tous été remis en liberté conditionnelle. La filiale indienne de Union Carbide, qui n’existe plus, a été condamnée pour les mêmes raisons à 500.000 roupies d’amende (près de 8.900 euros, 10.870 dollars).

La police fédérale indienne, le Bureau central d’enquête, avait conclu que l’usine ne respectait pas les règles de sécurité avant la catastrophe. Union Carbide, une compagnie américaine, a pour sa part évoqué l’hypothèse d’un acte de sabotage perpétré par un employé mécontent, jamais identifié.

Au départ, douze personnes étaient mises en examen : huit dirigeants de la compagnie indienne, Warren Anderson, chef de Union Carbide à l’époque de la fuite, la société elle-même et deux filiales. Sept des huit responsables ont été condamnés lundi. Le huitième est décédé, tandis qu’Anderson et Union Carbide ne sont jamais apparus pendant la procédure.

Union Carbide a été achetée par Dow Chemical en 2001. Le groupe affirme que l’affaire a été réglée en 1989 avec le versement de 470 millions de dollars (392,5 millions d’euros). Il estime que la responsabilité du site incombe désormais à l’Etat du Madhya Pradesh, qui en est devenu propriétaire.

En juillet dernier, le même tribunal de Bhopal avait diffusé un mandat d’arrêt contre Warren Anderson, ordonnant au gouvernement indien d’obtenir son extradition des Etats-Unis. Le juge n’a pas dit pourquoi le suspect et la compagnie américaine n’avaient pas été jugés par contumace. M. Anderson avait été brièvement détenu après la catastrophe mais il a rapidement fui le pays et vit à New York.

Des groupes de rescapés et de proches de victimes ainsi que des militants des droits de l’Homme s’étaient rassemblés à Bhopal lundi. Ils ont scandé des slogans affirmant que le verdict arrivait trop tard et que la peine était trop légère.

AP / 7 juin 2010


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