Le procès du crash du Concorde aura bien lieu

Huit ans après l’accident, le juge d’instruction vient d’ordonner le renvoi devant le tribunal correctionnel de cinq personnes et de Continental Airlines.

Il est 16 h 44, le 25 juillet 2000. Quelques secondes après son décollage, le Concorde s’écrase sur l’Hotellissimo de Gonesse. La catastrophe fait 113 morts, dont quatre au sol.

Huit ans après le crash, le juge d’instruction vient d’ordonner le renvoi devant le tribunal correctionnel de la compagnie aérienne Continental Airlines et de cinq personnes, pour homicides et blessures involontaires. Le procès, qui se déroulera courant 2009 à Pontoise pendant deux à trois mois, devra déterminer les responsabilités de chacun dans la catastrophe aérienne qui a scellé le sort du supersonique. Tant du côté de la compagnie américaine que de celui d’Aérospatiale, le constructeur du Concorde, et de la Direction de l’aviation civile française (DGAC).

L’enchaînement fatal.
C’est une lamelle de titane de 42 cm, tombée d’un DC-10 de la compagnie aérienne américaine sur la piste, juste avant le décollage du Concorde, qui déclenche l’enchaînement fatal. En roulant dessus, le Concorde voit un de ses pneus éclater, ce qui provoque aussitôt la détérioration d’éléments du train d’atterrissage. Ces éléments ont ensuite perforé l’intrados de l’aile delta (le dessous) puis provoqué une fuite massive de carburant à la suite d’une sorte d’explosion survenue à l’intérieur du réservoir. L’embrasement a suivi, puis la perte de puissance des réacteurs. Les pilotes ont tenté en vain de regagner Le Bourget mais l’avion s’est écrasé à la Patte-d’Oie de Gonesse.

Les insuffisances de Continental Airlines.
Après huit ans d’enquête, le parquet de Pontoise a précisé hier matin les charges relevées contre la compagnie américaine et ses employés. John Taylor est accusé d’avoir fixé cette fameuse lamelle sans respecter les prescriptions en vigueur. Il a notamment utilisé du titane, un métal très rigide qui n’était pas autorisé pour ce type d’intervention. Son chef de service, Stanley Ford, devra expliquer devant le tribunal pourquoi il a validé ce travail et signé l’autorisation de remise en service de l’avion. Enfin, la compagnie Continental Airlines devra, en tant que personne morale, répondre de cette remise en service et de négligence dans l’entretien et la maintenance de ses DC-10. Un épisode illustre ce volet de l’instruction judiciaire : plus de 200 rivets ou morceaux de rivets avaient été retrouvés dans la nacelle du réacteur lors d’une expertise.

Les négligences d’Aérospatiale.
La lamelle ne peut être seule responsable du crash. Pour le juge d’instruction, des incidents à répétition ont révélé avant le drame les faiblesses du supersonique au niveau de ses réservoirs. En particulier en 1979, à Washington-Dulles : les réservoirs du Concorde avaient été perforés à la suite de l’éclatement d’un pneu. Une vulnérabilité connue d’Aérospatiale et dont il n’a pas été tenu compte, selon le magistrat, qui a ordonné le renvoi devant le tribunal de deux anciens responsables, Henri Perrier et Jacques Hérubel. Le juge leur reproche d’avoir sous-estimé la gravité des dommages causés par les incidents antérieurs, de s’être focalisés sur les pneus en négligeant les conséquences sur l’aile de leur éclatement, d’avoir également négligé les risques d’incendie et de perte de poussée des réacteurs. Claude Frentzen, responsable de la sécurité à la DGAC à l’époque où les incidents se sont produits, est également traduit devant le tribunal.

Le Parisien, Frédéric Naizot, vendredi 04 juillet 2008


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