Crash de Charm el-Cheikh : les juges vont ordonner une ultime expertise

Quatre ans et demi après la catastrophe aérienne de Charm el-Cheikh (Egypte), les juges chargés de l’enquête à Bobigny devaient annoncer mercredi aux familles qu’ils agréent leur demande de contre-expertise, dans un dossier qu’ils espèrent boucler au printemps 2009.

Quelque 200 proches de victimes, sur 600 parties civiles, étaient attendues en début d’après-midi au tribunal. La réunion, à huis clos, sera suivie d’un point presse du procureur de la République.

Le 3 janvier 2004, le Boeing 737 de la compagnie charter égyptienne Flash Airlines, déséquilibré sur sa droite, s’était enfoncé dans la Mer rouge peu après son décollage, faisant 148 morts, dont 134 touristes français.

L’enquête judiciaire pour "homicides involontaires" ouverte le jour même a donné lieu à 37 tomes de procédure, mais aucune mise en examen n’a été à ce jour prononcée. Fin décembre 2007, Marc Sommerer et Olivier Christen ont repris l’instruction menée par André Dando, parti à Paris.

Selon une source judiciaire, "l’enquête touche à sa fin mais les juges vont ordonner une ultime expertise" pour éteindre les critiques des familles qui avaient mis en doute l’impartialité, vis-à-vis de Boeing, d’un rapport d’experts remis en janvier aux magistrats.

Selon les parties civiles, ce rapport conforte la thèse du Bureau enquête accident (BEA) français qui, en 2006, avait mis en cause le pilote. Il blanchit le constructeur américain Boeing et pointe les carences du recrutement à Flash Airlines, qui pourrait à ce titre voir sa responsabilité engagée.

"Nous avons demandé une contre-expertise car les experts français n’ont pas fait d’investigations propres et sont allés chez Boeing prendre des leçons ! Alors que nous sommes en procès avec eux (NDLR : dans le volet civil de l’affaire)", a expliqué Marc Chernet, président de l’Association de défense des familles.

Les simulations des experts ont été faites dans des cabines test Boeing "avec un logiciel qui ne prend pas en compte les défaillances dues à des défauts éventuels de structure de l’appareil", s’indigne-t-il.

L’hypothèse de la responsabilité du constructeur n’a jamais été établie dans l’enquête française. Les conclusions de l’enquête égyptienne pointaient, elles, une combinaison de facteurs, dont une défaillance du pilote automatique.

Très engagées dans la procédure en dépit de dissensions entre ayants-droit, les parties civiles ont publié en juin 2007 leur propre rapport de 438 pages sur l’accident.

Leurs experts mettent en cause Flash Airlines, le constructeur Boeing (pour de "nombreux vices de conception" de l’appareil), le propriétaire de l’avion ILFC et la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), "qui n’a pas mis en oeuvre le principe de précaution" en interdisant Flash Airlines, "compagnie poubelle", selon eux, comme l’avait fait la Suisse.

Les familles espèrent des mises en examen de tous ces acteurs.

Au civil, elles ont obtenu en mars 2008 de la Cour d’appel de Paris un dépaysement de la procédure engagée contre Boeing, ILFC et deux autres sociétés américaines aux Etats-Unis où, selon elles, la responsabilité de Boeing pourrait être mise en cause.

Elles pourraient obtenir les indemnisations les plus élevées jamais attribuées pour des Français morts dans un accident aérien.

En attendant, Marc Chernet vient d’écrire au président de la République pour une nouvelle fois réclamer "une sépulture décente" au cimetière du Père Lachaise à Paris, pour les restes de victimes non identifiées, restés au Caire. Et non au carré des indigents à Thiais, comme annoncé aux familles. Il se plaint d’un "abandon de l’Etat".

AFP, juillet 2008


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