Polémique après l’explosion de gaz à Lyon

GDF et l’entreprise de travaux publics concernée par l’accident se renvoient la responsabilité du drame.

Les responsables de la sécurité civile lyonnaise en tremblent encore. En regardant la partie dévastée du cours Lafayette où est survenue une explosion de gaz meurtrière jeudi à midi, le bilan humain aurait pu être beaucoup plus lourd. Un distributeur de billets, tel un boulet de canon, a été retrouvé éjecté de l’autre côté de l’avenue, des ferrailles se sont enfichées dans les cloisons des immeubles d’en face. La mise en sécurité réalisée par les pompiers, les policiers et les gaziers aura évité le pire. Le sergent-chef Stéphane Abbes l’aura payé de sa vie. Lundi, une cérémonie d’hommage se déroulera dans la cour d’honneur de la préfecture du Rhône, en présence du ministre de l’Intérieur. Pompier professionnel depuis 1995, originaire de Béziers, ce père de deux enfants était une des figures de la caserne Corneille et avait comme passion le café-théâtre. Le technicien de GDF grièvement blessé lors de l’explosion est, lui, hors de danger. Le bilan définitif du drame de jeudi est d’un mort, deux blessés graves et 38 blessés.

Vendredi après-midi les premières expertises des bâtiments touchés ont commencé afin de déterminer si leurs occupants pouvaient les réintégrer. Ce ne sera probablement pas possible avant plusieurs mois pour les deux immeubles où s’est produite la déflagration. Au cours de la nuit de jeudi à vendredi une vingtaine de personnes a dormi sous des tentes installées dans un gymnase du VIe arrondissement. Les autres riverains ont trouvé refuge chez des parents, des amis ou à l’hôtel. Ils se sont retrouvés hier au pied du poste de commandement de la police municipale, afin d’aller récupérer, escortés de pompiers, quelques effets personnels dans leurs immeubles.

Ces opérations, tout comme l’expertise des immeubles et l’enquête judiciaire, ont été retardées par un nouveau bouclage du quartier vendredi en milieu de matinée. Alors que les techniciens de GDF s’employaient à rouvrir les vannes de gaz dans les rues voisines du cours Lafayette, l’une d’entre elles, probablement vétuste, a cédé, provoquant une nouvelle fuite, rue Moncey, à une quarantaine de mètres des immeubles dévastés. Une forte odeur de gaz s’est répandue dans un salon de coiffure, créant la panique. Un nouveau périmètre élargi de sécurité a été mis en place, provoquant l’incompréhension des passants, qui, une heure plus tôt, pouvaient aller et venir à leur guise. Une fois la ventilation de l’immeuble et des canalisations d’égouts assurée, le périmètre de sécurité a été réduit au pâté de maison touché de part et d’autre du cours Lafayette.

La canalisation figurait « très correctement sur le plan »

La polémique sur la responsabilité de la catastrophe s’est poursuivie. Le responsable de l’entreprise de travaux publics Roche qui intervenait pour changer les canalisations d’eau potable a réfuté que ses ouvriers aient touché la conduite de gaz. L’entreprise avait déposé une déclaration de travaux sur la voirie. La Fédération nationale des travaux publics a regretté que « maîtres d’ouvrage et concessionnaires (EDF, GDF, France Télécom…) s’affranchissent le plus souvent de la réglementation ». Le responsable de la distribution GDF à Lyon a, lui, estimé hier s ur France 3 Rhône-Alpes que la responsabilité de son entreprise n’était pas engagée. La canalisation heurtée « figurait très correctement sur le plan remis », a expliqué Gilles Galléan. « Il y a un lien très direct entre les travaux de voirie et l’accrochage de la canalisation de gaz », a-t-il ajouté.

« Tout le monde se renvoie la balle, ne comptez pas sur moi pour la renvoyer à qui que ce soit » : le préfet délégué à la sécurité Xavier de Fürst refuse de trancher et le procureur de la République de Lyon, Xavier Richaud, attend, lui, les conclusions de l’enquête préliminaire, confiée à la sûreté urbaine.

Le Figaro, par Frédéric Poignard, le 29 février 2008.


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