Crash d’un avion à Madrid : « Une vision d’enfer »

« Les morceaux de carlingue éventrée sont remplis de cadavres carbonisés. C’est une vision d’enfer ! » Hier après-midi, l’un des premiers secouristes arrivés sur les lieux du crash de l’avion de la Spanair lors de son décollage de l’aéroport Barajas à Madrid, est sous le choc. « Je n’ai jamais vu un spectacle aussi atroce de ma vie », confirme Luis Ferreras, responsable du poste d’ambulanciers affecté à l’aéroport madrilène. Deux policiers de la garde civile de retour de la zone du crash confient pour leur part : « C’est une véritable horreur. Les corps se consument de l’intérieur et nous brûlent les mains lorsque nous essayons de les sortir. »

Canaries. Il est 14 h 45 lorsque le McDonnell Douglas MD-82 de la Spanair - une filiale à 100 % de la compagnie scandinave SAS (Scandinavian Airlines System) - avec 166 passagers à bord et 6 membres d’équipage s’apprête à prendre son envol sur la piste 36. Spanair partage le vol JKK 5022 à destination de Las Palmas, dans l’archipel des Canaries, avec la compagnie allemande Lufthansa.

Les ailes gorgées de kérosène pour effectuer son trajet, l’avion quitte soudainement la piste, se brise en deux et prend immédiatement feu suite à un atterrissage d’urgence peu après son décollage. L’accident a eu lieu à environ un kilomètre du terminal principal de Barajas. Le bilan définitif de la catastrophe s’élève à 153 morts et 19 blessés.

Selon certains témoins, le moteur gauche de l’avion aurait pris feu pour une raison encore inconnue quelques secondes après le décollage. Le départ de l’appareil, initialement prévu une heure plus tôt, aurait été retardé, peut-être pour des problèmes techniques, estiment certaines sources non confirmées officiellement.

Licenciements. La Spanair, deuxième compagnie espagnole, qui connaît actuellement de sérieuses difficultés financières et que SAS avait vainement tenté de vendre en début d’année, effectue essentiellement des vols intérieurs en Espagne et en Europe avec une flotte de 65 avions dont 36 MD-82. En juillet, Spanair avait dévoilé un plan de restructuration qui devrait se traduire par le licenciement de 1 100 personnes sur ses 4 000 employés.

L’appareil utilisé hier a été construit en 1993 et avait appartenu avant à la compagnie Korean Air. Sa révision complète aurait été faite le 24 janvier .Dès l’annonce de l’accident, José Luis Zapatero, le chef du gouvernement espagnol, s’est rendu à l’aéroport de Madrid. Ce crash pourrait être la plus grosse catastrophe aérienne qu’a connu l’Espagne depuis celle du 27 mars 1977sur l’aéroport de Tenerife, lorsqu’un appareil de la compagnie hollandaise KLM et un autre de la compagnie américaine Pan Am s’étaient percutés au décollage. 585 personnes avaient alors trouvé la mort.

Libération, Gérard Thomas, jeudi 21 août 2008


Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes