Incendie mortel de Beaurepaire : deux renvois en correctionnelle

Fin de l’instruction concernant l’incendie dramatique du boulevard Beaurepaire qui, en août 2006, avait causé la mort de six Roubaisiens. Le propriétaire des « meublés » et un électricien sont renvoyés en correctionnelle.

Le 23 mars 2006, en début de soirée, un mini-incendie démarre dans le tableau électrique au rez-de-chaussée d’un immeuble situé au 84, boulevard Beaurepaire à Roubaix. Un blessé est enregistré. EDF interrompt l’alimentation de l’immeuble jusqu’à la remise aux normes de l’installation. Une réfection sommaire des circuits électriques est opérée et, en avril et mai 2006, une réfection plus complète entreprise.

Une enquête judiciaire est en cours sur ce premier sinistre quand, le 20 août 2006 vers 5 h du matin, un incendie dramatique se déclare aux mêmes endroits.

L’immeuble entier s’embrase. Une vingtaine de personnes demeurent alors dans cet immeuble et occupent douze pièces meublées. C’est la catastrophe : six personnes décèdent par asphyxie, sept autres sont blessées. Ce sont les « ayants droit » et toutes les personnes blessées, ainsi que leurs avocats, qui reçoivent depuis hier les lettres recommandées contenant l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel des deux mis en examen dans ce dossier.

C’est le point final de l’instruction complexe menée par le juge lillois Jean-Noël Schmidt. Complexe car l’issue dramatique de l’incendie du 20 août ne peut se comprendre qu’en examinant aussi les circonstances et les conséquences du sinistre du 23 mars. Fin août, le juge Schmidt vient donc d’achever cette instruction où René Vandierendonck, le maire de Roubaix, et Pierre Dubois, adjoint au maire ayant délégation sur ce type de problèmes, étaient « témoins assistés ». Ces deux personnalités politiques ont donc été mises totalement hors de cause.

Sécurité non respectée

Au terme de l’instruction, Christian Derrache, 59 ans et défendu par Me Vandermeeren, et Frédéric Bræm, 39 ans et défendu par Me Nicolis, sont renvoyés en correctionnelle. Christian Derrache, le propriétaire, avait été très vite mis en cause pour une éventuelle mise en danger d’autrui.

Habilement, le propriétaire expliquait que c’était la communauté urbaine de Lille qui était le véritable propriétaire de l’immeuble. Le juge Schmidt fait litière de cet argument : le mis en examen se comportait de toute façon comme le seul véritable (contrats, loyers) propriétaire. Toute une série de règles auraient été violées en matière de sécurité : extincteurs, issues de secours, moyens d’alarme et de détection, etc. Même si l’origine de l’incendie est vraisemblablement criminelle et que les auteurs n’ont pas été retrouvés, Christian Derrache est poursuivi pour ces violations caractérisées des règles de sécurité.

Quant à l’électricien Frédéric Bræm, il est poursuivi également pour des violations des règles de sécurité et également pour un faux concernant la « déclaration de mise en conformité ». Les deux hommes seront vraisemblablement jugés dans 18 mois environ.

Nord Eclair, Didier Specq, 27/08/2008


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