Le scénario du crash de la Spanair se précise

Le rapport préliminaire de l’aviation civile publié jeudi confirme que des volets défectueux seraient à l’origine de l’accident. L’alarme qui aurait dû alerter les pilotes de cette anomalie n’a pas fonctionné.

Le scénario se précise : le 20 août dernier, le MD-82 qui s’est crashé à Madrid faisant 154 morts, a tenté de décoller normalement alors que les « flaps », les volets déployés à l’arrière des ailes au décollage pour accroître la portance de l’avion, ne se sont pas déployés. Et pour cause : les pilotes n’avaient pas connaissance de cette anomalie dans la mesure où le système d’alerte n’a, semble-t-il, pas fonctionné.

Ce sont les conclusions du rapport préliminaire de la Commission d’enquête administrative de l’aviation civile espagnole sur la catastrophe aérienne. « Durant tout le trajet du décollage jusqu’à la fin de l’enregistrement » d’une des boîtes noires, « on n’enregistre aucun son lié au système d’alerte de configuration inadéquate pour le décollage (TOWS) », précise le rapport.
Le non déploiement des flaps n’a donc pas empêché l’avion de décoller puisque l’appareil s’est élevé de 12 mètres avant de virer légèrement sur la gauche, puis plus brusquement sur la droite, et de s’écraser. En revanche, contrairement à ce qui avait pu être dit, « les moteurs se sont comportés correctement pendant toute la période de l’accident ».

Controverse

Ces conclusions confirment donc les informations qui avaient filtré dans la presse début septembre. Mais elles suppriment les aspects les plus controversés, indiquant que « l’enquête se poursuit » et que des « analyses exhaustives » seront nécessaires pour parvenir à des conclusions définitives sur les causes de la pire catastrophe aérienne en Espagne depuis 25 ans.

Entre autres controverses, la principale concerne la « vérification du système sonore d’alarme défectueux » par les pilotes. Cette étape est recommandée par Boeing « avant chaque vol, sans exception », depuis un accident de MD-82 à Détroit en 1987. Or, dans un premier temps, l’aviation civile espagnole avait fait état d’une autre pratique à la Spanair : la compagnie aérienne ne demande à ses pilotes d’effectuer cette vérification qu’avant le premier vol de la journée, ou bien si les deux pilotes viennent de commencer leur service. En d’autres termes, si l’un des deux pilotes était déjà dans l’avion avant une escale et qu’un nouveau pilote arrive, ce contrôle n’est pas fait. C’était le cas de figure le jour de l’accident, puisqu’un nouveau pilote venait de commencer son service.

Ces mentions ont été gommées du rapport,l’aviation civile estimant finalement que les 32 minutes enregistrées dans la boîte noire sont insuffisantes pour savoir si la vérfication a été faite durant l’escale de l’avion, qui a duré trois heures à Madrid.

Le rapport a été envoyé aux 154 familles de victimes ainsi qu’à un juge, à qui il appartient désormais de décider de la suite des évènements.

Le Figaro, C.M. avec AFP, 10/10/2008


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