Après les inondations du Var, Sarkozy promet aide et fermeté

Nicolas Sarkozy a promis lundi l’aide de l’Etat aux victimes des inondations du 15 juin dans le Var, dans le sud-est de la France, mais aussi la fermeté pour interdire les constructions dans les zones dangereuses.

Six jours après les pluies et les crues qui ont fait 25 morts et quatre disparus à Draguignan et dans ses environs, le chef de l’Etat a annoncé la signature, mardi, d’un arrêté d’état de catastrophe naturelle pour les communes concernées.

L’état de catastrophe naturelle permet notamment une accélération des procédures d’indemnisation.

Lors d’une réunion avec les élus des communes sinistrées et les représentants de l’Etat dans le département, à la mairie de Draguignan, Nicolas Sarkozy a également tenu à faire passer un autre message, au-delà de celui de solidarité.

"Tant que je serai président de la République, personne ne construira dans une zone reconnue comme dangereuse", a-t-il déclaré. "Agriculteurs ou pas, si la zone est dangereuse, au nom de l’Etat nous interdirons les constructions."

Il n’y aura pas d’exception et l’Etat sera "intraitable" pour aider les élus locaux à résister aux pressions, a-t-il assuré. "Il faut que chacun apprenne à respecter les règles scrupuleusement et non pas que chacun arrive avec, pour une bonne ou une mauvaise raison, une demande de dérogation."

"Cela fait trop longtemps que dans notre pays on prend avec l’application des règles un certain nombre de libertés", a dit un peu plus tard le chef de l’Etat à des journalistes.

DES PRÉVISIONS PLUS PRÉCISES

Nicolas Sarkozy a rappelé que 3.500 des 10.000 plans de prévention des risques et des inondations (PPRI) prévus en France étaient encore en cours d’élaboration. Ils devront tous être achevés et adoptés dans les trois ans, a-t-il ajouté.

Dans le même temps, la longueur des cours d’eau sous surveillance devra passer de 20.000 à 30.000 km.

Une nouvelle génération de radars sera mise en place par Météo-France pour améliorer les prévisions. Nicolas Sarkozy a en outre demandé à Météo-France de cibler de façon plus précise les zones d’alerte pluies-inondation.

En plus des 25 morts, dont 12 à Draguignan, les pluies diluviennes et inondations de mardi dernier ont fait des dégâts matériels considérables.

"Notre cantine scolaire n’existe plus. Tous nos services techniques sont partis à la rivière", explique ainsi Jacques Lecointe, maire UMP de Trans-en-Provence, une bourgade de 5.500 habitants traversée par la Nartuby, une des rivières en cause.

Les pouvoirs publics sont confrontés aux mêmes questions qu’en février en Vendée et en Charente-Maritime où la tempête Xynthia a causé la mort de 53 personnes.

En 2005, la direction départementale de l’équipement du Var décrivait dans son plan de prévention des risques d’inondation les conséquences dramatiques qu’aurait une crue de la Nartuby.

Celle-ci a notamment ravagé la maison d’arrêt de Draguignan, une clinique, une maison de retraite, une caserne de pompiers et une zone industrielle. Des voitures poussées les unes sur les autres par les eaux étaient encore visibles sur des parkings.

UN MAIRE EN APPELLE À LA "NOBLESSE" DES BLEUS

Jacques Lecointe a cependant estimé qu’il n’y avait pas lieu de polémiquer, du moins en ce qui concerne sa commune. Il assure que le plan de prévention des risques et des inondations signé en 2005 pour Trans-en-Provence a été suivi à la lettre.

Mais pour Jean, 73 ans, habitant de cette commune, "la rivière aurait besoin d’un bon nettoyage" : "Il y a deux ans qu’on en parle et on nous répond, ’si vous êtes bénévoles, vous pouvez nettoyer la rivière", a-t-il déclaré.

A Draguignan, Nicolas Sarkozy a annoncé le déblocage des aides d’urgence habituelles en cas de catastrophe naturelle, dont 10.000 euros versés à chaque entreprise sinistrée par le Fonds d’indemnisation des services, artisans et commerce.

Il a ensuite assisté à une cérémonie en hommage aux victimes à l’Eglise Saint-Michel de Draguignan, à l’issue de laquelle il a fait un don à des représentantes de la Croix rouge.

Il a en revanche refusé de commenter un appel lancé par le maire de Trans-en-Provence à l’équipe de France de football, en passe d’être éliminée du Mondial dans un climat de mutinerie.

Jacques Lecointe a estimé que les Bleus devraient renoncer à leurs primes - cinq millions d’euros à se partager pour toute la saison sous le maillot national - au profit des communes du Var sinistrées. "Ça serait un beau geste" et ferait pardonner "un petit peu leur comportement", a-t-il estimé.

Reuters, le 21 juin 2010.

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