Premiers radars pour la sécurité des passages à niveau

Après les radars anti vitesse, les radars aux feux rouges, place aux radars anti franchissement, spécialement conçus pour les passages à niveau. Le tout premier, mis en place en Picardie, sur la ligne Lagny-le-Sec Le Plessis-Belleville, et inauguré ce mardi par le secrétaire d’État aux Transports, Dominique Bussereau, entrera en service d’ici à la fin de l’année en même temps qu’un autre prévu dans le Nord, à Hondeghem. À chaque, fois, il s’agit de deux passages à niveau dangereux.

Ces équipements, dont 100 autres seront installés d’ici à 2012, sont justement destinés à faire cesser les mauvaises habitudes des automobilistes. S’il avait fonctionné, ce radar de Picardie, traversé par 12.500 véhicules par jour dont 10% de poids lourds, aurait ainsi flashé sans relâche. Selon les relevés visuels des caméras, sur les 80 fermetures de barrières quotidiennes, 60 d’entre elles ont lieu avec des conducteurs tentant de passer en ne respectant pas les feux clignotants. « Le plus souvent, il s’agit d’habitués des lieux », indique Philippe Feltz, responsable des passages à niveaux à Réseau Ferré de France (RFF). Le coût de la sanction en fera réfléchir plus d’un : 135 euros et 4 points en moins.

Programme de suppression

En parallèle, la génération plus classique des radars anti vitesse continue de gagner du terrain : 22 passages à niveau en sont déjà équipés selon les chiffres de 2009 et 16 autres le seront d’ici à la fin de l’année. À chaque fois, dans les premiers temps de leur installation, chacune de ces machines enregistre un nombre élevé de procès-verbaux : plus de 1000 par mois. Puis, selon le but escompté, elles finissent par modifier le comportement des usagers de la route.

Toutes ces nouvelles installations font partie du plan de sécurisation des passages à niveau lancé il y a deux ans par Dominique Bussereau au lendemain de la collision d’Allinges, en Haute-Savoie, entre un car et un TER, coûtant la vie à sept adolescents. D’autres mesures sont mises en œuvre. Parmi elles, le programme de suppression des 216 passages à niveau les plus préoccupants. Quinze d’entre eux ont déjà disparu et 35 autres suivront d’ici à 2012 dont 8 dès cette année. En parallèle, un chantier est lancé au cours duquel la signalisation des « stop », trop souvent non respectée, disparaîtra. 350 d’entre eux seront remplacés par un système de barrières plus dissuasif, 850 autres par des feux. Toutes les intersections empruntées par des trains roulant à plus de 40 km/h doivent par ailleurs donner lieu à un diagnostic. « Afin d’y renforcer la sécurité », précise Philippe Feltz.

Enfin, chaque année depuis 2008, une journée de sensibilisation est organisée à l’attention des usagers de la route. Cette campagne, qui a lieu ce mardi, a d’ailleurs pris du poids. D’envergure nationale lors sa première édition en 2008, elle est devenue européenne dès 2009 et cette année, elle a pris une dimension mondiale. Outre les pays européens, d’autres États ont en effet décidé de s’y associer. Parmi eux, les États-Unis et le Japon. « Les problèmes rencontrés y sont différents. Outre-atlantique, les trains très longs suscitent l’impatience des automobilistes. Au Japon, les centre-ville sont émaillés de passages à niveau », raconte pêle-mêle Philippe Feltz. Mais à chaque fois, les conséquences sont les mêmes : les accidents restent trop souvent meurtriers.


3 questions à Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat aux Transports :

Depuis le plan de sécurisation des passages à niveau lancé en 2008, quelles sont les principales avancées ?

La campagne de sensibilisation, prévue ce mardi, s’est considérablement développée. 40 pays y participent. Une telle adhésion signifie que le problème est partagé. Nous sommes dans une période où le trafic ferroviaire se développe. Nous devons à tout prix sécuriser les intersections. Depuis l’installation de 39 radars de contrôle vitesse, les accidents ont chuté. Le nombre de collisions est passé de 238 à 128 en dix ans. En 2009, 36 personnes ont été tuées contre 55 il y a dix ans. C’est le nombre le plus bas jamais atteint. Une centaine de radars franchissement sera installée d’ici à 2012.

Cette politique n’est-elle pas coûteuse ?

Entre la suppression des passages à niveau et les projets de nouveaux aménagements, trente millions d’euros sont nécessaires chaque année. Ce financement est assuré en totalité par l’État quand il s’agit d’une voie traversée par une route nationale et pour moitié par les collectivités locales quand il s’agit d’un axe leur appartenant.

Comment se situe la France par rapport aux autres pays ?

On dénombre moins d’accidents en France que dans les autres pays, exception faite de la Suède et de la Grande-Bretagne. Dans le premier cas, ce résultat est dû au fait qu’il y a moins de passages à niveau. Outre-manche, les pouvoirs publics mènent pour leur part une ardente politique de communication aux retombées très positives.

Angélique NEGRONI

Le Figaro / 22 juin 2010


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