Hôtels : vers un report et un aménagement des normes de sécurité

Les nouvelles normes anti-incendie et sur l’accessibilité des handicapés dans les hôtels pourraient être reportées et/ou aménagées, un projet salué par la profession qui met notamment en avant leur coût, mais qui inquiète les associations.
Un rapport élaboré par Bercy révélé mardi par Le Parisien montre qu’"entre 3.000 et 4.000 des 18.000 hôtels classés pourraient fermer dans les cinq ans si les délais et les normes restent tels quels", s’est alarmé M. Novelli.

Le secrétaire d’Etat au Tourisme a donc demandé une "réunion interministérielle à la rentrée pour remettre à plat ces normes", a-t-il dit à l’AFP.

Décidées après une série de drames en 2005 dans des hôtels ou des meublés qui avaient fait 52 victimes, notamment à l’hôtel Paris-Opéra (9e), les nouvelles normes de sécurité-incendie, plus contraignantes, sont censées être appliquées à l’été 2011. Mais elles devraient être reportées et aménagées.

Les nouvelles normes d’accessibilité pour les handicapés, prévues elles pour 2015, pourraient aussi être modifiées.

M. Novelli voudrait en effet "une date unique pour des normes multiples", le 1er janvier 2015, et réexaminer ces normes avec plus de "réalisme".
"Il faut concilier protection des consommateurs et attractivité touristique du pays", ajoute-t-il. "Si ces hôtels ferment, on les accueille où les touristes ?".
Du côté des hôteliers, c’est un satisfecit. Certains ne seront pas prêts à la date prévue pour les normes incendie et "en retard" sur celles liées à l’accessibilité, compte tenu, disent-ils, du coût des travaux.

"Les normes incendie sont un canon pour tuer une mouche", estime Mark Watkins, président du comité de modernisation de l’hôtellerie, qui réclame des aménagements depuis trois ans.

Même satisfaction chez Michèle Lepoutre, du syndicat d’hôteliers Synhorcat, qui constatait, à la faveur des premiers travaux dans les hôtels, "l’énormité du problème".

"Vous pouvez avoir un hôtel dans Paris, dont les trottoirs ne sont pas aménagés pour les handicapés, qui dépend d’un métro qui n’a que des escaliers, et donc dans lequel ne peut pas rentrer une personne en fauteuil roulant, mais il faudrait qu’à l’intérieur tout lui soit accessible", lance-t-elle.
A ses yeux, "on a trop calqué les normes imposées aux hôtels existants sur ce qui était demandé aux établissements neufs, ce n’est pas réaliste", notamment pour les plus anciens, ceux qui sont classés.

Le report des normes incendie "va donner du temps aux hôteliers", souligne également Laurent Duc, président de la fédération des hôteliers (Umih). Et de toute façon, les "pompiers et les commissions de sécurité restent souveraines".

Cela pourrait seulement "reporter" à 2013 ou 2014 certaines fermetures pour des établissements qui ne pourront jamais être aux normes, tempère Geneviève Balher, présidente des hôteliers du Synhorcat.

Du côté des associations, c’est l’inquiétude.

Secrétaire général de la FNATH, l’association des accidentés de la vie, Arnaud de Broca rappelle que "des dérogations sont déjà prévues" dans les textes et que ces normes ne servent pas seulement aux handicapés, mais à tous ceux qui peuvent avoir du mal à se déplacer : les familles avec des poussettes, les personnes âgées.

¨Privilégier des considérations économiques plutôt que des questions de sécurité, ce n’est pas pertinent, raisonnable et responsable", réagit Valérie Gervais, présidente de ConsoFrance, qui fédère neuf associations de consommateurs.

Pour Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL (Droit au Logement), les pouvoirs publics "n’ont pas su tirer les leçons" du drame du Paris-Opéra.

AFP - Cécile BARAILLE / 20 juillet 2010


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