Après Xynthia : moins de vacanciers, mais de l’espoir

Le soleil est là, les sourires aussi. Quatre mois après la catastrophe meurtrière de Xynthia, L’Aiguillon et La Faute-sur-Mer retrouvent leurs allures de stations balnéaires : on sirote à la terrasse d’un café, on se promène sous les pins, les enfants profitent de la piscine du camping. « Il y a moins de monde », glissent les habitués. Les amoureux défendent : « Ça n’a jamais été noir comme aux Sables. Ça fait partie du charme. » La cohue, c’est le week-end, avec les Vendéens qui viennent en nombre profiter des plages.

Locations inhabitables, deux campings fermés dont un qui ne rouvrira pas : les fichiers de l’office de tourisme de La Faute, forts de 110 locations, se sont vidés de 40 possibilités d’hébergement. De nombreuses résidences secondaires sont fermées, parfois pour toujours. « Cette année, on aura 8 000 personnes en moins », estime Marie-Claire Suire, conseillère en séjours. Elle se veut pourtant optimiste : « Xynthia a détruit des possibilités d’hébergements, mais les réservations sont bonnes. Les touristes ne nous boudent pas. »

Dans cette station qui accueillait jusqu’ici 35 à 40 000 touristes par saison, certains hébergeurs jugent ces propos « un peu roses ». La diminution de l’offre n’a pas profité à tout le monde. « Aucune de mes huit locations n’est louée. D’habitude je n’ai pas de problème. Au téléphone, on m’a dit que je devrais avoir honte de louer à La Faute. On m’a même demandé si je pataugeais encore dans l’eau ! », se plaint Fosca, 55 ans. Parmi les sept campings ouverts, quelques-uns sont complets, notamment en août. D’autres ne cachent pas que « début juillet a été plus difficile que l’an dernier ». Un « effet Xynthia » ? « Très clairement », pour certains, « non »pour d’autres. « Il y a des problèmes de pouvoir d’achat, comme sur l’ensemble du littoral français. »

Les commerçants annoncent des chiffres d’affaires en forte diminution. Pour les soutenir, des chèques de 20 € sont distribués aux touristes. Là aussi, beaucoup avancent que les porte-monnaies sont à plat, que la météo joue. Pour « compenser les images de la catastrophe », certains auraient voulu « davantage de communication positive ». La gérante d’un camping se réjouit d’avoir mis le paquet :« Très vite, la page d’accueil de notre site a fait le point sur les dégâts, pour rassurer les clients. On a aussi retravaillé le référencement sur internet. Résultat : une baisse les quinze premiers jours de juillet mais pour août, on est en avance par rapport à l’an dernier ! »

Des chèques aux touristes

Sous le soleil, cyclistes et promeneurs sont quand même visibles. Les fidèles le sont souvent restés. Quitte à troquer le mobile-home pour une caravane, ils ont retrouvé leurs voisins habituels. La plupart sont épatés : « C’est incroyable, le nettoyage qui a été fait. Il faut bien connaître pour mesurer les changements ! » Marie, 46 ans, qui vient quinze jours « chaque année, chez des amis », revient d’un jogging sur la pointe d’Arçay, à La Faute : « Franchement, je ne vois pas la différence », souffle-t-elle.

Évidemment, dans le paysage, tout n’est pas exactement « comme avant ». Route de la Pointe, les cailloux découragent voitures et vélos sur cette digue naguère très visitée. Comme à La Faute, des maisons sont bardées de banderoles où les propriétaires crient leur colère : ce sont les zones noires (ou zones de solidarité). Elles concernent 915 maisons.

« On peut facilement éviter ces zones », réagissent plusieurs touristes. Le voyeurisme, qui peut susciter quelques tensions, semble marginal. Les plus malins envoient les indélicats sur une fausse route. C’est de bonne guerre. Sinon, les touristes sont les bienvenus : « Ça nous change les idées. On en a besoin », sourient des sinistrés, lassés de certaines questions, mais plus encore d’attendre leurs indemnisations.

Au 1er juillet, un quart d’entre eux sont retournés vivre dans leurs maisons, y compris en zone noire. Les blessures sont encore profondes dans les coeurs et dans les têtes. Mais un travail de titan a permis qu’elles soient discrètes dans les rues, sur le port. Les activités estivales fonctionnent toutes : char à voile, école de natation, karaoké, balades nocturnes… Dimanche, L’Aiguillon-sur-Mer accueillera le troisième triathlon Sud Vendée.

Les professionnels du tourisme espèrent beaucoup du mois d’août et des fameuses« réservations de dernière minute ». Au casino de La Faute, l’un des plus gros acteurs économiques de la station, le directeur, Gia Khanh Pham, rêve de projets à long terme : « Avec 29 morts, nous avons encore besoin de compassion. Heureusement, l’homme renaît toujours. Si on concentre les forces, en tirant les leçons du passé, on peut faire plein de choses. Et pas seulement pour les touristes. »

Claire HAUBRY / Ouest-France / 22 juillet 2010


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