L’hommage aux victimes du crash du Concorde

La ville de Gonesse puis Air France : hier, deux cérémonies distinctes se sont succédé sur les lieux du crash du Concorde pour rendre hommage aux 113 victimes de la catastrophe du 25 juillet 2000.

« C’était une chaude journée d’été », se souvient Patrick Tesse. L’ancien patron de l’hôtel des Relais bleus a raconté ces quelques secondes qui ont fait basculer sa vie.

« Je négociais au téléphone des séjours lorsque la conversation a été interrompue par un bruit de réacteur strident, insoutenable. Là, j’ai vu arriver le Concorde. Il était en flammes. Il s’agitait fortement. Sa trajectoire m’indiquait qu’il allait percuter la façade de l’hôtel. J’étais pétrifié. Et puis, sans doute l’instinct de survie, je me suis enfui…

J’ai fait quelques pas. J’étais dans le couloir des chambres. Il y a eu l’explosion extraordinaire. J’étais hébété, mais vivant. J’ai compris qu’il était tombé à côté. »

Quelques gerbes de fleurs avaient été auparavant déposées au pied de la stèle érigée à côté des lieux du crash. Une minute de silence a été observée à la demande du maire qui souhaitait une cérémonie sobre. Mais dans son discours, Jean-Pierre Blazy (PS) s’est montré offensif. Il a regretté la lenteur de la procédure judiciaire qui a abouti à un procès au bout de dix ans. Le tribunal correctionnel de Pontoise doit rendre son jugement le 6 décembre prochain. « Beaucoup d’espoirs ont été placés dans cette enquête et ce procès. Nous avons pensé que toute la lumière serait faite sur les circonstances de cet accident, que plus jamais une telle catastrophe ne pourrait se reproduire, que la sécurité aérienne serait placée au coeur des préoccupations des acteurs de l’aéronautique et du transport aérien. Malheureusement, nombreux sont ceux qui sont aujourd’hui perplexes et interrogatifs », estime l’élu, évoquant l’abandon du projet de 3e aéroport.

« Je crains que nous soyons victimes du syndrome AZF, qu’une relaxe générale soit prononcée et qu’aucune responsabilité parmi les acteurs impliqués du monde aéronautique ne soit identifiée. » Pour lui, « la force du mythe a trop longtemps occulté les risques en termes de sécurité que présentait le Concorde. Trop longtemps, le supersonique a continué de voler alors que ses limites et ses défauts étaient connus des seuls experts ou spécialistes. »

La cérémonie de la mairie de Gonesse achevée, Air France prenait le relais sur le site. Environ 150 personnes, les familles des victimes allemandes et des membres d’équipages, dont la veuve du commandant Marty, des personnels de la compagnie aérienne, ont à leur tour rendu hommage aux disparus. L’ancien directeur du BEA (bureau d’enquêtes et d’analyses) est venu « par solidarité ». Chacun leur tour, ils ont déposé une rose au pied de la stèle ou dans le terrain où l’avion s’est écrasé et où ils se sont recueillis dans un silence interrompu par les décollages de Roissy.

Frédéric NAIZOT / Le Parisien / 25 juillet 2010


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