Love parade de Duisbourg : chronique d’une catastrophe annoncée

DECRYPTAGE - Que s’est-il passé samedi, et à qui la faute ?...

Une enquête judiciaire a été ouverte pour faire toute la lumière sur le drame de samedi, qui a coûté la vie à 20 personnes et fait environ 340 blessés en marge de la Love Parade de Duisbourg. Déjà, les rescapés de la bousculade avancent une version différentes de celle des autorités, et de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer l’amateurisme de ces dernières, prévenues des risques.

Où le drame a-t-il eu lieu ?

Aux abords du tunnel accédant au lieu de la fête. Les témoins racontent que la panique a pris la foule quand plusieurs milliers de fêtards se sont trouvés bloqués dans le tunnel, qui mesure plus de 200 mètres de long sur 30 de large, et qui constituait le principal point de passage pour parvenir au lieu de la fête, une ancienne gare de 120.000 m2 ne pouvant accueillir que 250.000 à 300.000 personnes selon les sources, tandis que l’événement aurait attiré environ 1,4 million de personnes. Selon les autorités, c’est aux abords du tunnel que le drame a eu lieu, puisqu’ils affirment que la majorité des corps a été trouvée près de deux escaliers métalliques situés l’entrée du tunnel.

Comment les victimes sont-elles mortes ?

Les versions divergent. Pour les autorités, les victimes sont mortes en escaladant des barrières et en en tombant. Mais les témoins décrivent des scènes de personnes déshydratées, comprimées, voire piétinées. « Partout il y avait des gens sur le sol, le visage bleui », raconte une jeune femme dans la presse allemande. « Il était impossible » de sortir du tunnel, affirme un jeune homme, âgé de 18 ans : « C’était comme s’il y avait un mur de gens devant moi. J’ai cru que j’allais mourir. » « J’ai vu des morts dans le tunnel. D’autres étaient vivants, mais inconscients par terre, d’autres pleuraient », a décrit une jeune Néo-Zélandaise, étudiante en Belgique.

Pourquoi une telle cohue ?

Le nombre de participants a été sous-estimé. « Bien qu’il y ait eu 1,6 million de participants il y a deux ans à Dortmund, Duisbourg ne s’attendait qu’à quelques centaines de milliers de personnes venues faire la fête », a indiqué le quotidien berlinois Tagesspiegel, dénonçant « une estimation tronquée grotesque ». En plus de l’afflux de visiteurs, trop nombreux pour le lieu prévu de la fête, les témoins racontent que les voies d’accès étaient inadaptées : « J’étais dans le tunnel vers 17h. Il y avait trop de barrières, et les passages étaient partout trop étroits », a raconté Alexis, 28 ans, originaire de la région.

Qui est responsable ?

Les autorités sont montrées du doigt. « Je les avais prévenues il y a un an. La ville de Duisbourg n’est pas faite pour la Love Parade. Elle est trop petite pour un tel spectacle », a affirmé au quotidien Bild le président du syndicat national de la police, Rainer Wendt. Le responsable local des pompiers aurait également averti le maire que la zone retenue pour le festival n’était assez grande pour accueillir la foule, selon le journal Kölner Stadt-Anzeiger. Dans le Süddeutsche Zeitung, le principal organisateur de concerts en Allemagne Marek Lieberberg dénonce de son côté « l’amateurisme total » des autorités locales, affirmant que « ce n’est pas un malheur tragique mais un crime ». Selon Spiegel Online, la police aurait même effacé les documents relatifs à l’organisation de la Love Parade. Les responsables locaux et les organisateurs se sont gardés de faire des commentaires.

Julien Ménielle, 20 Minutes.fr, le 26 juillet 2010


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