Xynthia : les sinistrés veulent des digues plus hautes

Plus d’un millier de personnes ont fait hier une chaîne humaine sur les digues de La Faute, en Vendée. Le 28 février dernier, elles avaient été impuissantes face aux assauts de l’océan.

Gisèle Arnault tient un bouquet de roses à la main. Elle les distribue aux enfants. Tous ensemble, ils les déposent sur une banderole qui rend hommage aux victimes de la tempête Xynthia. Elle est posée, à même la digue, sur le sol.

Plus de cinq mois que la tempête Xynthia est passée. Mais l’émotion est toujours vivace, à fleur de peau.

Et la peur tenaille tout le monde. Car les choses bougent lentement. Au grand dam des habitants de La Faute-sur-Mer et de L’Aiguillon-sur-Mer. Et de l’association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer (AVIF), qui organisait, hier, un rassemblement sur la digue Est, celle de La Faute, qui se trouve en bordure du Lay, ce cours d’eau qui avait gonflé à cause d’une marée de 102 en février.

Une population encore meurtrie

Jeudi, ils étaient plus d’un millier, peut-être 1 500, des habitants à l’année, mais aussi des vacanciers, à se tenir fraternellement la main. Pour s’étonner que les travaux de renforcement de la digue n’aillent pas plus vite.

« De qui se moque-t-on, s’emporte Michel Pelletier, un habitant de Luçon, qui possède une maison secondaire, à quelques mètres, juste derrière une portion de la digue qui vient d’être refaite à neuf. On se fait mener en bateau. » Les mots se bousculent.

Le ton est plus mesuré chez François Anil, l’un des porte-parole de l’association organisatrice de l’événement. Mais derrière les mots policés, on sent poindre plus que de l’agacement. De la colère et de l’incompréhension.

D’autant qu’en face, de l’autre côté du Lay, à L’Aiguillon-sur-Mer, le conseil municipal a fait bâtir, à la hâte, une digue. Depuis quelques semaines, les tractopelles brassent des mètres cubes de terre pour bâtir une protection qui n’existait pas à cet endroit. Et un autre mur est déjà dans les tuyaux. Mais rien de concret à La Faute. « Alors que les rapports se multiplient depuis la catastrophe pour dire qu’il y a urgence à se protéger, observe François Anil.

Dès janvier 2010, les travaux commençaient », ironise le même. Quatre ans pour concrétiser les craintes exprimées dans un rapport particulièrement détaillé. Un scénario qui semble se répéter aujourd’hui, pour une population encore meurtrie. Et qui ne se sent pas rassurée. Pour Roger Raiffaud, un septuagénaire qui a aussi sa maison au pied de la digue de La Faute, « l’eau trouvera encore le moyen d’arriver jusqu’à nos maisons. »

Philippe ECALLE / Ouest-France / 13 août 2010


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