Accident d’autocar sur l’A2 : le conducteur laissé libre et placé sous contrôle judiciaire

Près de 72 heures après la sortie de route d’un autocar de la société Eurolines, sur l’A2 à Crespin, les « mouchards » embarqués dans le véhicule ont parlé. Et les investigations menées par les enquêteurs de la CRS des Quatre-Cantons ont permis de lever certains doutes qui pesaient sur le conducteur du bus.

L’examen du tachygraphe de l’autocar a révélé que « les temps de conduite de 4 h 30 ont été respectés », affirmait hier Patrice Pruvost, commandant de la CRS autoroutière Nord - Pas-de-Calais. Comme les temps de pause d’ailleurs. « Des arrêts de 45 minutes, voire plus », ajoute le commandant de police. Exit aussi la vitesse excessive reprochée par un grand nombre des passagers. « Le chauffeur a roulé à une vitesse maximale de 99 km/h », ont constaté les enquêteurs.

Au cours de ses différentes auditions, le Néerlandais de 63 ans - qualifié de conducteur expérimenté - a fait part de la présence « d’un véhicule BMW qui lui aurait fait une queue de poisson », relate son avocat lillois, Me Sébastien Degardin. « Mais mon client est catégorique : il n’a pas fait de malaise et ne s’est pas endormi », soutient-il.

C’est pourquoi Mme le procureur de la République de Valenciennes, Marie Alliot, a pris la décision de saisir un juge d’instruction. Le magistrat a signifié au chauffeur l’ouverture d’une information judiciaire pour défaut de maîtrise d’un véhicule à moteur, homicide involontaire et blessures involontaires. Le Néerlandais a été laissé libre et placé sous contrôle judiciaire. Et le temps de l’instruction, ce chauffeur qui effectuait le trajet Amsterdam - Paris toutes les semaines, depuis cinq ans, a l’interdiction de circuler sur le territoire français.

Des expertises

Il devra par ailleurs « se soumettre à toute une série d’expertises », explique Marie Alliot, dont des examens médicaux pour vérifier la thèse du malaise. Mais ce sera aussi l’occasion d’effectuer une enquête technique sur le bus : « Une défaillance matérielle n’est pas exclue », indique l’avocat du chauffeur. Car « a priori, il n’y a pas eu de coups de frein », soutient le commandant Patrice Pruvost qui dit ne pas avoir relevé de traces de freinage, « comme si le conducteur du bus s’était laissé glisser dans l’herbe sans pouvoir réagir ».

Hier, le bilan de l’accident était toujours d’un mort et de trois blessés graves. Et alors que le pronostic vital des deux ressortissantes étrangères (une Belge et une Néerlandaise) n’est plus engagé, les médecins réservaient leur avis au sujet de la troisième victime, une jeune Française.

GRÉGORY AUTEM, le 17 août 2010, la Voix du Nord


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