Explosion de gaz à Empalot : « On savait qu’on était sur une bombe »

Les victimes attendent des réponses de ce procès.

Le procès de la double explosion qui avait fait un mort et trente-quatre blessés dans le quartier d’Empalot à Toulouse le 29 novembre 2002 s’est ouvert, hier, devant le tribunal correctionnel de la Ville rose.
Les victimes se sont succédées à la barre pour raconter cette terrible matinée. GDF a reconnu sa responsabilité.
« On est prêts. On arrive dans un état d’esprit curieux, confiait Me Agnès Casero, avocate de l’association des victimes, à quelques minutes de l’audience. Maintenant, on attend des réponses à nos questions. Il y a trois fois le tour du monde en conduites de gaz sous nos pieds. Nous voulons savoir dans quel état est le réseau. Nous sommes inquiets en tant que victimes et futures victimes potentielles. »

La rupture d’une canalisation en fonte grise, dont GDF connaissait la fragilité, avait provoqué l’explosion de deux maisons à 25 minutes d’intervalle.
Le président Roussel a d’abord expliqué aux parties le déroulé des trois jours d’audience, Me Baudelot, avocat de la défense, a pris la parole pour « dire aux victimes, au nom de GDF, que son client ne plaide pas sa relaxe et reconnaît sa responsabilité. Nous avions 30 000 km de canalisation à remplacer, c’était indispensable. ça demandait du temps. »
Riverains, pompiers, agent du gaz se sont succédé hier à la barre pour décrire cette matinée du 29 novembre. Bernadette De la Hoz, présidente de l’association des victimes, se souvient : « Je vaquais à mes occupations dans la salle à manger quand j’ai entendu une terrible explosion. Je suis sortie, j’ai vu la maison par terre. Plus tard, rebelote, re-explosion. »
Un an après l’explosion d’AZF, la catastrophe est dans tous les esprits. « Je me suis posée la question mais je me suis dit que ça ne peut pas être AZF car ça n’existe plus. » « On a eu l’image d’AZF », confirme Pierre Planes, voisin.
Michel Escaich et Jean-Pierre Duthu, pompiers, se sont rendus sur place aussitôt après la première explosion. « Sur les lieux, il y avait une maison soufflée. Quand on est arrivés, on a su que c’était le gaz. La chaussée était éventrée et des poches de gaz étaient en flamme sur 15, 20 ou 30 mètres. On savait qu’on était sur une bombe, que ça allait re-péter quelque part. » Mais le temps manque. « J’ai vu une boule de feu, une maison soufflée et le toit se soulever. » Et les deux pompiers s’ajoutent au nombre des victimes tout comme un gazier pris de court. De victime, cet agent est presque passé « expert » hier. Il a largement été questionné sur les dispositifs d’intervention et la cartographie des conduites. « Vous avez dû vous demander pourquoi est-ce qu’on n’a pas changé ce petit tronçon ? a demandé le président. C’est la question qu’on ne va pas arrêter de se poser. »
L’audience se poursuit aujourd’hui. La cour entendra des experts et posera la question de la politique nationale de GDF en matière de suppression des canalisations en fonte grise.

Grosse fuite mais pas d’odeur

Parmi les explications attendues aujourd’hui, la question de l’odorisation du gaz est particulièrement attendue. En effet, tous les témoins, dont des agents de GDF, affirment n’avoir détecté aucune odeur de gaz pas ni avant la première explosion ni avant la seconde. Il n’est pas démontré cependant que, le jour de l’explosion, le gaz distribué rue des Canaris était sous odorisé.

Le 14 septembre 2010, Claire Lagadic, La Dépèche du Midi


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