La France et l’Italie doivent investir 240 millions dans la mise aux normes du plus vieux tunnel routier des Alpes. Mais cette rénovation suscite des réserves croissantes…
Les représentants de 22 associations ne se sont pas contentés de défiler fin août à Tende (Alpes-Maritimes) pour s’opposer à la solution adoptée pour la rénovation du tunnel qui relie les Alpes-Maritimes à la province de Coni, en Italie. Ils viennent également de signer une pétition contre le percement d’un second tube parallèle au tunnel ancien et dangereux. Car ils craignent à terme un appel d’air propice à un gros trafic de poids lourds dans l’étroite vallée de la Roya qui lui donne accès.
En 2005, après près de trente ans d’âpres discussions et d’études, la France et l’Italie ont ratifié l’accord sur la rénovation du tunnel. Ouvert en 1882 à 1.200 mètres d’altitude, le tunnel, avec 3 kilomètres, fut, à l’époque des diligences, le plus long sous le massif alpin. Il reste en 2010 l’unique percée routière sous les Alpes du Sud entre Menton et le tunnel du Fréjus. Large de 5 mètres pour moins de 4 mètres de haut, il n’est plus adapté à un volume de 3.600 à 10.000 véhicules/jour qui rend indispensable une circulation alternée. La solution prévoit le percement d’un second tube de 6,50 m parallèle au tunnel actuel puis la rénovation de ce dernier, chacun devant être ensuite affecté à un sens de circulation.
Pas d’écho
L’investissement (240 millions d’euros TTC pour un chantier de sept ans) est supporté à parts égales par les deux Etats et les collectivités. La gestion du futur ouvrage sera italienne. Alors que l’appel d’offres européen pour choisir les entreprises est lancé, les opposants, relativement discrets jusqu’ici, réclament une simple sécurisation du tunnel actuel pour empêcher un trafic de poids lourds de la France vers Turin ou Milan. Cette hypothèse obligerait la fermeture du tunnel avec l’interruption du trafic routier entre la France et l’Italie, et l’isolation de la vallée de la Roya.
Mais les opposants proposent dans ce cas l’utilisation du tunnel ferroviaire situé plus bas sous le col de Tende pour un ferroutage des véhicules légers durant la période des travaux. Cette proposition tardive ne trouve pas d’écho, semble-t-il, du côté des autorités publiques et des experts en France et en Italie. Tous s’inquiètent d’un incident dans le tunnel actuel qui, selon les fameuses normes Mont-Blanc, devrait être fermé depuis longtemps
Le 10 septembre 2010, Michel Bovas, France Soir.
