Catastrophe de Zoufftgen : la dernière ligne droite

Cette dernière journée sera décisive dans le procès en appel de la catastrophe ferroviaire de Zoufftgen. Le défenseur du chef de circulation, Claude Trierweiler, tentera de limiter les réquisitions du procureur.

Pierre Reuter, l’avocat du principal responsable présumé de la catastrophe ferroviaire de Zoufftgen sait qu’il devra jouer serré cet après-midi devant la cour d’appel de Luxembourg. Il défend Claude Trierweiler, chef de circulation de l’après-midi, au poste central de Bettembourg, ce 11 octobre 2006 et qui a donné l’ordre écrit autorisant le TER en provenance de Luxembourg à poursuivre sa route, alors qu’un train de marchandises occupe déjà l’unique voie en service et arrive en sens inverse. « L’enjeu, c’est bien de réduire significativement la peine infligée à mon client en première instance (quatre ans de prison dont deux ans ferme). Mais vous comprendrez que je réserve mon analyse d’abord à la cour, lundi (aujourd’hui) », résume M e Reuter.

Trop cher payé…

Mêmes hommes, même dossier, mêmes polémiques. Personne n’attendait de révélations lors de ce second procès de la catastrophe ferroviaire qui a fait six morts et vingt-trois blessés au nord de Thionville lors d’un face-à-face fatal entre deux trains. Les trois prévenus qui ont fait appel estimaient juste qu’ils payaient trop cher la succession d’erreurs commises ce jour-là. Les victimes, elles, jugeaient que la réparation financière qui leur avait été accordée n’était pas en rapport avec leur préjudice réel et leur douleur.

Cette journée est pourtant bien la dernière ligne droite d’un chapitre judiciaire ouvert il y a quatre ans et qui est resté encalminé une année, suspendu à la décision de la cour constitutionnelle. M e Pierre Reuter, lui, avait demandé de trancher une question simple : le cas des cheminots du Grand-Duché, condamnés plus sévèrement que des pilotes d’avions ou de bus, ne remet-il pas en cause le principe d’égalité des citoyens devant la loi ? Non, a répondu la cour six mois après sa saisine par le pénaliste et le tribunal correctionnel de Luxembourg.

Dès la semaine dernière, les avocats des cheminots incriminés avaient dévoilé leur ligne de défense : le principal responsable de la collision est Claude Trierweiler.

Pas de vérité judiciaire

Son ordre écrit est un élément matériel accablant. M e Nicky Stoffel, avocate de Patrick Manzoni, l’annonceur du poste d’aiguillage – condamné à 46 mois de prison ferme pour ne pas avoir empêché le chef de circulation de donner son feu vert au TER –, l’a redit mercredi.

Pour les familles de victimes, le procès en appel n’a en tout cas pas servi la « vérité judiciaire ».

Comme l’explique M e Pascale Millim, avocate de M me Dondelinger, veuve du conducteur du TER, « quatre ans plus tard, on n’en sait pas vraiment plus. Avec des prévenus qui changent de version, les cartes sont brouillées. Alors, oui, on reste sur notre faim. Evidemment, nous ne souhaitons toujours pas de prison ferme pour ces trois hommes dans le box, car leurs fautes sont involontaires. On garde le sentiment que leurs responsables hiérarchiques ( à la CFL) ne sont pas derrière eux ». Selon elle, M me Dondelinger a été douloureusement marquée par les excuses de Patrick Manzoni. « Elle ne les accepte pas. Il a changé quatre ou cinq fois de version. C’est très dur, en fait, ce genre d’attitude pour ma cliente. »

Le Républicain Lorrain - Alain MORVAN. Publié le 29/11/2010


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