Le procès de l’incendie du Bd Auriol renvoyé

Une piètre organisation est à l’origine du renvoi sine die du procès de l’incendie qui avait fait 17 morts en 2005.

Le tribunal correctionnel de Paris a renvoyé sine die jeudi le procès de l’incendie d’un immeuble vétuste qui avait fait 17 morts dont 14 enfants en août 2005 bld Vincent Auriol à Paris, à la demande des avocats qui en ont déploré l’organisation, particulièrement chaotique.

"Ce procès n’a pas été préparé, c’est un affront fait à la mémoire des morts !", a lancé un avocat des parties civiles, Me Jean-Marc Florand.
"Le tribunal baisse les bras", a finalement déclaré la présidente de la 14e chambre, Jacqueline Rebeyrotte, en donnant rendez-vous aux avocats pour une audience technique le 5 mai. Le procès ne pourra pas se dérouler avant la fin de l’année, a-t-elle ajouté.

"Non-conformités"

Trois femmes et 14 enfants, de familles originaires d’Afrique de l’ouest, avaient péri dans l’incendie de l’immeuble du 20, boulevard Vincent Auriol, dans la nuit du 25 au 26 août 2005.
Des expertises avaient conclu à un incendie criminel, mais son auteur n’a pas été identifié.
Les investigations avaient mis en lumière un certain nombre de "non-conformités", en particulier un revêtement mural en contreplaqué. Freha (France Euro Habitat), l’association qui gérait l’immeuble, et une entreprise de bâtimentsont sont poursuivies pour homicides et blessures involontaires.

"Ce procès n’a pas été préparé, c’est un affront fait à la mémoire des morts !", a lancé un avocat des parties civiles, Me Jean-Marc Florand.
Les parties civiles avaient déploré dès son ouverture, mercredi, que le procès n’ait été programmé que sur deux demi-journées, criant au mépris. La salle était trop petite, le public debout n’entendait rien et l’audience s’était résumée à deux heures d’un monologue de la présidente.
Il serait catastrophique que le procès continue dans ces conditions
Le représentant d’une entreprise prévenue au procès a déclenché, s’approchant du micro, un insupportable sifflement. La sono semblant irréparable, il a été décidé de déplacer le tribunal, les proches des victimes, le public et les journalistes dans une autre salle.
Tout le monde s’est alors installé tant bien que mal et les avocats, de la défense comme de la partie civile, ont demandé le renvoi, estimant que la journée supplémentaire d’audience prévue vendredi ne suffirait pas aux débats.

Quand il s’agit de juger des catastrophes comme AZF, le Mont-Sainte-Odile ou le tunnel du Mont-Blanc, ou d’organiser les procès de MM. Villepin ou Chirac, "l’institution judiciaire (...) sait réparer les micros, trouver les salles et préparer les jours d’audience !", s’est indigné Me Florand.

"Il serait catastrophique (...) que le procès continue dans ces conditions", a appuyé Me Jean-René Farthouat, pour la défense.

Le procureur Gilbert Flam, quant à lui, n’a pas demandé le renvoi, mais "deux audiences supplémentaires la semaine prochaine".

Le tribunal s’est retiré quelques minutes, puis est revenu pour annoncer que le procès continuait. Le public a alors quitté la salle aux cris de "aucune considération !" ou "elle est belle la justice !", tandis que les avocats des parties civiles menaçaient eux aussi de partir.

Après une nouvelle délibération, la présidente a jeté l’éponge.

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 11/03/2011


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