NANCY - Incendie du train Paris-Munich : deux ans avec sursis requis contre le steward

NANCY - Une peine de deux ans d’emprisonnement avec sursis a été requise jeudi contre le steward du train Paris-Munich, jugé par le tribunal correctionnel de Nancy pour sa responsabilité dans un incendie qui avait fait 12 morts en novembre 2002.

Le parquet a également requis 150.000 euros d’amende contre les compagnies ferroviaires allemande, la Deutsche Bahn (DB), et française, la SNCF, pour manquement à la sécurité.

Après deux semaines de débats devant le tribunal, les représentants de l’accusation ont estimé que la culpabilité des trois prévenus pour homicides involontaires était établie, à commencer par celle du steward, Volker Janz.

Il est notamment reproché à ce dernier de ne pas avoir prévenu les passagers lors du déclenchement de l’incendie, le 6 novembre 2002 vers 2H00 du matin dans un wagon-lit de la DB, en raison de vêtements suspendus au-dessus d’une plaque chauffante dans sa cabine.

"Il a commis une imprudence, déposer sa valise sur une plaque chauffante, et plusieurs négligences : il a d’abord abandonné chacun à son sort, alors que chaque agent a en charge ses passagers", a pointé le substitut du procureur, Béatrice Bossard.

M. Janz n’avait pas non plus jugé utile de retirer les crochets empêchant les intrusions dans le compartiment.

"Or, qu’il s’agisse du personnel SNCF ou des pompiers, tout le monde est d’accord pour dire que cela a été une difficulté", a poursuivi Mme Brossard, pour qui "la présence de ce système exigeait la présence permanente de l’accompagnateur".

Pourtant, plusieurs experts ont estimé que les passagers n’auraient pas survécu, même en l’absence de ces crochets.

"Nous ne partageons pas cette analyse : qui peut vraiment soutenir et croire que des victimes sont près d’une porte par hasard ?", a répondu l’autre représentant de l’accusation, le vice-procureur Yvon Calvet.

Selon les témoignages de plusieurs pompiers, des corps ont été retrouvés dans le couloir de la voiture.

"C’est incroyable de transformer un wagon en cercueil putatif ! On empêche l’entrée des secours par l’extérieur, et en même temps on empêche les passagers de sortir !", a dénoncé M. Calvet.

Les débats n’ont toutefois pu éclaircir ni les circonstances exactes de l’incendie, ni celles dans lesquelles les 12 victimes ont succombé. Mais ils ont mis en lumière des normes de sécurité peu contraignantes, non-rétroactives sur les wagons anciens, et finalement qualifiées d’"a minima" par le parquet.

"Le poids de la responsabilité doit alors être partagé largement par les deux sociétés" ferroviaires, a asséné Yvon Calvet, selon qui les règles de l’Union internationale des transports ferroviaires (UIC), qui réglemente les transports internationaux, sont prises "par souci de consensualisme".

"Il y a une confusion, car c’est celui qui est soumis à la règle qui l’édicte", a dénoncé le vice-procureur, comparant cette situation à "un conflit d’intérêts".

"Les compagnies ferroviaires auraient pu faire mieux en matière de sécurité, elles ne peuvent se prévaloir de la faute d’autrui", a-t-il enfin estimé.

Les débats se terminent vendredi par les plaidoiries de la défense.

© 2011 AFP

www.20minutes.fr le 24 mars 2011.

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